Le 5 juin, j’étais place Stalingrad à Paris avec les 10 000 citoyennes et citoyens qui ont répondu à l’appelle de Jean-Luc Mélenchon. Si, malgré un emploi du temps infernal, j’ai tenu à y être, c’est parce que je pense qu’il est temps de faire campagne. Dans ce texte modeste, je ne compte pas faire de grandes analyses de la situation historique dans laquelle nous sommes ; chacun peut se forger son opinion en confrontant les évènements et la lecture des différents blogs de notre campagne. Je veux simplement témoigner de ce que je fais avec mes amis locaux en espérant que cela puisse servir à l’action de tous. Faire campagne c’est avant tout chercher à se lier au grand nombre pour le mettre en mouvement.
Jean-Luc Mélenchon nous a appellé à une « campagne victorieuse ». On aurait tort de voir là une fanfaronnade, ou à la méthode Coué. Cela a une signification beaucoup plus profonde. D’abord la perspective de dépasser le parti socialiste, perspective désormais à portée de main comme l’indiquent certains sondages. L’argument du vote utile mobilisé par Hollande et son camp se retourne contre eux ; le vote Mélenchon devient dès lors le vote du renouveau de la gauche mais aussi le seul qui puisse concurrencer l’extrême droite et la droite. Ensuite le signal que nous sommes devenus totalement indépendants du parti socialiste. Comme cela se vérifie dans d’autres pays comme l’Espagne, devient caduque le vieux raisonnement, encore partagé par certains dirigeants du PCF, selon lequel notre rôle ne consisterait qu’à peser à gauche sur le PS. Enfin, l’objectif de mener une « campagne victorieuse » manifeste, s’il le fallait, qu’il ne s’agit pas d’une candidature d’extrême gauche, de pur témoignage et d’impuissance. Les groupes d’appui à JLM2017 n’ont pas vocation à se replier de manière nombriliste sur eux-mêmes mais à trouver le chemin du grand nombre. Lorsque plusieurs personnes se retrouvent pour cette campagne dans un quartier, une entreprise ou un village, ce n’est pas pour se poser la question dérisoire de savoir qui sera candidat aux législatives pour atteindre 1%, mais pour définir les moyens de se projeter dans le réel de leurs concitoyens et faire de la campagne pour Mélenchon un moyen d’action utile pour tous.
Dans ma commune, j’ai aidé à la constitution d’un groupe d’appui à la campagne de Jean-Luc Mélenchon (un des 1000 constitués, soutenu par plus de 100 000 signatures), groupe dénommé « Grabels la Rebelle », qui agit de concert avec les militants du parti de gauche, du front de gauche et de tous ceux qui veulent s’y joindre. Notre première action a été de participer activement aux mobilisations contre la loi travail… et nous serons encore présents aux prochaines manifestations, surtout si ce gouvernement prend la décision scélérate de les interdire. Pour faire campagne dans notre petite ville nous avons organisé une réunion publique d’information et de débat dans la maison commune du village sur la loi travail, avec la participation d’un ancien inspecteur du travail qui a décortiqué le projet de loi, qui a rassemblé en avril près d’une centaine de personnes, bien au-delà du cercle des convaincus.
Nous avons également organisé dans le quartier populaire de la ville une réunion publique sur la révolution fiscale avec la participation de Liêm Hoang Ngoc, avec plus de 60 personnes. Ces deux réunions nous ont permis de diffuser des papiers à la population et d’ouvrir des discussions fécondes avec les citoyens pour faire connaître la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Cette action, nous cherchons à la poursuivre en rédigeant des petits argumentaires pour une large diffusion sur des points programmatiques de JLM2017 qui peuvent répondre aux interrogations de nos concitoyens.
Je suis convaincu que l’interrogation majeure porte sur la défiance vis-à-vis d’un système politique qui met à distance les citoyens et que la campagne pour une constituante afin de refonder une véritable République démocratique laïque et sociale est le levier principal de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Encore faut-il travailler la formulation, la popularisation et ses différentes modalités d’expression pour rendre accessible cette campagne à tous. Je ne manquerai pas de vous communiquer les résultats de nos réflexions collectives.
Pour aller plus loin, notre campagne doit s’incarner, s’inscrire dans le concret, dans des enjeux locaux significatifs. C’est ce que nous avons fait dans notre mobilisation contre la gare de la Mogère. Cette gare est le symbole local des grands projets inutiles décidés contre l’avis des citoyens et nuisibles à l’environnement. Voilà deux ans que nous menons ce combat en participant à la mobilisation des collectifs concernés, en défendant ce point de vue aux élections municipales de 2014 comme aux élections départementales régionales de 2015. Lors des élections régionales la liste Nouveau Monde que nous soutenions a fait 10% des voix et a obtenu après sa fusion technique avec celle de Delga, que le nouveau Conseil régional fasse un moratoire sur la gare de la Mogère et organise un débat citoyen. Ce fut une première victoire qui nous a servi de point d’appui pour mener une large campagne d’opinion. Les élus municipaux que nous sommes avons défendu notre point de vue devant le Conseil Municipal de Grabels qui a adopté notre position à l’unanimité. Et le 16 juin lors de l’Assemblée locale des « états généraux du ferroviaire » à Montpellier, nous avons pu constater que l’immense majorité des 300 présents soutenait notre position, obligeant le conseil régional à jouer profil bas, voire à acquiescer à la volonté majoritaire de la salle. C’est un acquis et nous devons maintenant tout faire pour qu’au terme de ce débat public la gare de la Mogère soit définitivement enterrée. Certes, je ne me fais aucune illusion et je sais que les multinationales présentes dans le consortium qui tiennent en laisse la SNCF feront tout pour faire passer leur projet. Mais à cette étape notre combat, commun avec des citoyens, des militants associatifs et des syndicalistes, a déjà abouti à faire pencher majoritairement l’opinion publique de notre côté.
J’ai développé cet exemple de la gare de la Mogère car il est symbolique du type d’action locale qui va contribuer à enraciner la candidature de Jean-Luc Mélenchon comme seule perspective politique à toutes les résistances qui se lèvent dans le pays. Autre exemple, celui vérifié lors de mes déplacements pour soutenir les mobilisations pour des régies publiques de l’eau : la défense, très populaire, des biens communs, peut devenir un levier majeur de notre campagne.
Bref, sortons nos drapeaux et nos étendards et tendons la main à nos concitoyens pour construire avec eux une issue politique à l’impasse dans laquelle cherche à les enfermer les défenseurs de l’ordre libéral-sécuritaire qu’ils soient de droite ou de gauche.
Bon courage à tous.
René Revol