Ce vendredi 9 octobre, se tient à Montpellier le sommet Afrique-France organisé par l’Élysée. Emmanuel Macron, Président de la République française, a exclu tous les chefs d’État y comprit les plus démocratiquement élus du continent africain, pour se retrouver seul chef d’État face à ce qu’il appelle « la société civile africaine ». Outre le fait que ceci manifeste un mépris pour la souveraineté politique de chacun de ces pays, on a de quoi s’interroger sur le contenu de cette fameuse société civile où se côtoient d’authentiques artistes ou sportifs qui méritent notre respect avec des entrepreneurs sponsorisés pour porter les intérêts des multinationales françaises. Cela a été largement étayé par des critiques venant des organisations non-gouvernementales ces derniers jours, notamment lors des réunions publiques organisées par différents contre-sommet qui se sont tenus sur Montpellier et dans notre commune.
Je voudrais simplement faire part de mon expérience en tant que maire de la ville de Grabels, engagé dans une opération de coopération décentralisée avec une ville du Niger pour lui assurer notamment une adduction d’eau potable (action non négligeable avec un budget de plus d’un million d’euros largement subventionné par l’Agence Française de Développement et l’Agence de l’Eau), qu’en tant que Président de la Régie des eaux et Vice-Président de la Métropole en charge de l’eau et de l’assainissement (engagé également dans plusieurs actions de coopération décentralisée sur le continent africain), nous faisons le maximum pour utiliser la possibilité que nous donne la loi de consacrer 1 % du budget de l’eau et de l’assainissement pour des actions de solidarité internationale permettant à de nouveaux habitants d’accéder à cette ressource fondamentale. Lorsque ce sommet fut annoncé, j’ai officiellement demandé que nos partenaires africains et nous-mêmes puissions organiser dans ce cadre une rencontre de solidarité internationale permettant de tracer des perspectives dans ce combat pour le droit à l’eau. L’enjeu est de taille. Le dérèglement climatique à l’œuvre sur toute la planète frappe également de plein fouet le continent africain avec des périodes d’intense sécheresse et de températures extrêmes provoquant un stress hydrique majeur. Cela entraîne également de fortes migrations de populations au sein du continent liées à la recherche de ressources en eau pour tout simplement survivre. Or, l’Élysée nous a opposé un refus et a préféré organiser une grand-messe permettant au Président de la République de faire son show devant 1000 jeunes africains annonçant la somme dérisoire de 30 millions d’euros en trois ans… ainsi, la France vient d’inventer une nouvelle forme de néocolonialisme permettant de passer par-dessus les états souverains pour manipuler directement une partie de la « société civile ». Lorsque des militants de collectifs de sans-papiers sont arretés à la sortie de la Gare de Montpellier, je me suis clairementr exprimé pur dire que cela est inadmissible et que est inadmissible et que cette situation entache la sincérité des débats qui auront lieu pour ce sommet Afrique-France.
Quant à nous, on poursuivra notre action de solidarité internationale pour faciliter le droit à l’eau potable et à l’assainissement pour les peuples africains et on continuera à soutenir tous les mouvements citoyens et démocratiques qui traversent le continent africain contre le néocolonialisme. Depuis 1988, chaque année aux côtés des militants africains je célèbre la mémoire de Thomas Sankara à Montpellier, symbole de la solidarité avec les idéaux d’émancipation panafricaine, d’écologie et de féminisme de ce dirigeant valeureux qui fut assassiné car sa voix dérangeait des puissants de ce monde.
René Revol
8 octobre 2021