La gratuité des cantines scolaires, c’est possible.
À Montpellier les membres de la France insoumise ont eu la bonne idée d’aller distribuer des pommes bio et des crayons sans marque à la sortie des écoles pour populariser la proposition du programme de Jean-Luc Mélenchon visant à la gratuité complète de l’école laïque et notamment la gratuité de la restauration scolaire. Cette initiative a rencontré un vif succès, au point que les enfants n’ont pas tardé à parler des « pommes Mélenchon » !
Certains détracteurs n’ont pas manqué de fustiger la ruine financière qu’entraînerait la gratuité de la restauration scolaire. Je voudrais leur répondre en prenant l’exemple très concret de la restauration scolaire dans mon village dont je suis le Maire. Chaque jour ouvrable, c’est-à-dire quatre jours pendant 36 semaines, nous fournissons autour de 500 repas quotidiens. Les produits sont issus de l’agriculture raisonnée ou biologique et tous les matériaux sont certifiés « développement durable », donc recyclable. Les repas proprement dits ont un coût annuel de 260 000 € et l’ensemble des autres coûts liés au service des repas (personnel des cuisines et d’encadrement des enfants, nettoyage etc.) représente un coût annuel de 240 000 €. En conséquence la restauration scolaire nous revient à 500 000 € sur une année. Comment cela est-il financé actuellement ? D’une part il y a la contribution financière des familles avec une tarification différenciée selon les revenus avec sept tranches, la tranche supérieure contribuant quatre fois plus que la tranche inférieure ; cette contribution ne couvre pas, loin s’en faut, le coût des repas puisqu’elle rapporte annuellement autour de 200 000 €. D’autre part les 300 000 € manquants sont donc couverts par la solidarité communale c’est-à-dire par les impôts de tous. Vous l’avez compris : pour rendre gratuit les repas scolaires de ma Commune il en coûterait donc 200 000 €. Je vais donc maintenant rapporter ce chiffre à la baisse des dotations de l’État imposée à ma commune : en cinq ans la dotation globale de fonctionnement que nous verse l’État est passé de 800 000 € à 400 000 € ! Cette dotation ne représente plus que 5 % du budget global de la commune de 7500 habitants, la mettant ainsi sous tension financière. Il suffirait donc que le nouveau Président de la République et son gouvernement nous rétablissent le niveau des dotations d’il y a cinq ans pour que nous puissions, avec seulement la moitié de cette augmentation, assurer la gratuité des repas. Ce serait donc tout à fait à la portée des communes de réaliser cet engagement si celles-ci retrouvaient le niveau des dotations d’il y a cinq ans, qui n’était pourtant pas extraordinaire. La gratuité de la restauration scolaire est donc possible.
Cette gratuité est nécessaire pour plusieurs raisons :
- d’abord, il est de la responsabilité de la collectivité de fournir un repas équilibré et de qualité à tous les enfants ce qui contribue à la bonne santé générale de la population.
- Ensuite, cela permettrait de rendre du pouvoir d’achat aux familles notamment les plus modestes.
- Enfin, tous les enfants seraient ainsi traités sur un pied d’égalité quelles que soient leurs origines sociales.
Je ne compte pas le développer ici mais il faut également engager une réflexion sur le contenu et le prix de toutes les activités périscolaires. Car en effet selon que vous êtes dans une commune riche ou pauvre, selon les choix de l’équipe municipale, les enfants disposent d’activités périscolaires très inégales en qualité et en coût. Or certains enfants de ma commune passent, au cours d’une année, plus de temps dans les activités périscolaires qu’en classe. Le périscolaire joue donc un rôle important dans l’éducation de nos enfants ; il les met dans de meilleures dispositions pour entrer dans les apprentissages scolaires. Or, dans ce domaine, surtout après la réforme catastrophique des rythmes scolaires réalisée par Peillon et Hamon, il règne une inégalité criante sur le territoire national. Une politique éducative nouvelle doit donc encadrer nationalement les contenus des activités périscolaires et mettre en place un plan de financement permettant d’aller vers la gratuité.
René Revol