Victoire locale, défaite globale !

Note du 31 décembre 2014

Je souhaitais m’abstenir de participer au bilan de 2014 qui suscite à cette époque des commentaires peu intéressants. C’est le coup de fil d’un journaliste, interloqué par mes réponses, qui m’amène à vous faire part de nos échanges. A la fin de cette note je me permettrai un conseil de lectures.

Le journaliste « Alors j’imagine que vous êtes content de cette année 2014 qui s’achève ? »

Moi « Vous plaisantez ! Cette année est catastrophique »

Le journaliste « Je ne comprends pas … »

Moi : « Pour moi l’année 2014 a vu des catastrophes majeures. Si on tient au seul cas de la France. Première catastrophe : le chômage qui a battu tous les records dans notre pays ; on a dépassé la sinistre année 1993, on a le chômage le plus élevé depuis les années trente ; des générations entières sont sacrifiées y compris parmi les plus qualifiés ; ce sont prés de huit millions d’adultes qui pourraient fournir leur savoir faire et ils sont laissés à l’abandon. Quant à la politique qu’on nous annonce, elle entend faire perdurer ce mal endémique. Notre tissu social en sera marqué pour de longues années. La deuxième catastrophe est politique : pour la première fois à une élection nationale, avec un quart des voix c’est le FN qui arrive en tête. Comment voulez-vous ne pas être révolté, dans le pays de la Révolution Française, de voir que le premier parti soit un parti d’extrême droite. Et rien ne semble indiquer le reflux de ce parti. La façon dont la plupart des élites politiques semblent accepter cela me désole et scandalise. Quand vous pensez qu’Eric Zemmour a osé dire qu’on « devait déplacer cinq millions d’habitants des banlieues » et d’ajouter que c’est possible puisque « six millions de personnes ont été déplacées en Europe centrale pendant la seconde guerre mondiale » ! Qu’il puisse dire ce qui était avant de l’ordre de l’indicible, c’est à vomir. Comment voulez vous que je sois « content » ?

Le journaliste (ayant enfin repris son souffle) : « mais à Grabels… »

Moi : « Justement à Grabels nous avons vécu une catastrophe avec les inondations destructrices dans la nuit du 6 au 7 octobre. Cela fait des années qu’avec des amis nous expliquons que nous assistons à un changement climatique qui aura des conséquences concrètes sur nos vies. Mais cela restait abstrait. Le fait de le ressentir directement la crise climatique dans la Commune dont je suis le premier magistrat est une expérience que je ne suis pas prêt d’oublier et qui va peser lourd dans l’orientation de notre action future. Mais à mon tour de vous poser une question : qu’est ce qui vous a amené à penser qu’en me téléphonant vous auriez un point de vue optimiste sur 2014 ?

Le journaliste « Vous avez été brillamment réélu Maire de Grabels et vous mettez en place la régie publique de l’eau, pour laquelle vous vous êtes beaucoup battu, en devenant Vice Président de l’agglomération de Montpellier ! C’est quand même une belle victoire. »

Moi « Vous avez raison ce sont des victoires locales dont je suis fier mais en cette fin d’année je trouve les temps bien sombres et j’aurai bien souhaité que ces victoires locales ne s’accompagnent pas d’une défaite globale. »

Conversation intéressante n’est ce pas ?

Il est vrai que les trois premiers mois de 2014 ont été marqués pour mon équipe grabelloise par une belle victoire électorale. La victoire était d’autant plus belle que les trois mois de campagne ont été durs. Tracts vengeurs quotidiens, attaques personnelles….Les charges de la liste «  sans étiquette » – soutenue par le PS ! – ont été particulièrement violentes. Des amis proches me demandaient de répondre sur le même ton. Nous avons refusé et nous sommes restés dignes : fiers de notre bilan et porteurs d’un projet positif pour les habitants. Les électeurs et les électrices ont apprécié et ont partagé notre projet et notre calme détermination en éliminant dés le premier tour la liste fort agressive dite «  sans étiquette ». Quant à l’autre liste soutenue par l’UMP, l’UDI et le Modem, elle s’est déconsidérée entre les deux tours par un texte aux relents xénophobes. L’agressivité de sa tête de liste s’est poursuivie après les élections au point que les autres élus d’opposition ont dû l’exclure de leur groupe pour des propos qu’ils ont jugé inadmissibles ! On est donc fière de notre victoire car elle fut celle de la mobilisation populaire de notre Commune alors que nos adversaires pensaient qu’un Maire avec l’étiquette PG serait nécessairement rejeté dans le contexte actuel. Grosse erreur d’analyse !

Mais la véritable épreuve notre équipe l’a subie le 7 octobre 2014 quand il a fallu faire face à la catastrophe des inondations. Notre équipe a été exemplaire dans sa mobilisation soudée avec une population solidaire. Je ne reviens pas sur cet événement que j’ai largement détaillé sur ce blog en son temps. Mais à cette occasion on a pu vérifier combien cette équipe municipale est soudée par des valeurs et des principes ; c’est ce qui a fait sa force face à ces événements exceptionnels.

Je ne dirai rien ici sur la mise en place de la régie publique de l’eau qui fut aussi une victoire locale remarquable ; j’ai fait en novembre un compte rendu des six premiers mois  de mandat et je prépare pour janvier un petit montage vidéo.

Bref ces victoires locales n’ont de sens que si elles servent de point d’appui à une action globale qui renverse la tendance lourde qui est  à l’œuvre aujourd’hui. Nos regards se tournent vers l’Espagne et la Grèce pour espérer une victoire globale en 2015 qui puisse servir d’appui dans toute l’Europe.

Enfin comme je vous l’ai promis deux conseils de lecture :

« Communs. Essai sur la révolution au 21ème siècle » par Pierre DARDOT et Christian LAVAL  (édité en 2013) Je vous préviens : c’est un pavé de 580 pages et le langage philosophique et théorique le rend difficile d’accès. Ceci dit il a été pour moi une source extraordinaire de réflexion y compris dans les points de désaccord. On en reparlera.

Par ailleurs je crois que nous devons revenir et cela est aussi particulièrement nécessaire pour la jeune génération sur l’expérience de la première moitié du 20ème siècle quand, outre la barbarie de deux guerres mondiales, les espoirs d’émancipation ont été broyés dans les mâchoires de fer du nazisme et du stalinisme. J’avoue que depuis dix ans j’ai la conviction de l’importance majeure d’une éducation politique de la jeune  génération sur cette époque noire, afin qu’elle se prépare au mieux pour les temps qui viennent. J’ai eu des difficultés à trouver des publications ou des films capables de captiver des jeunes de 16 à  25 ans. Or je viens de vivre la découverte fébrile de cette époque par un jeune de 18 ans à travers un ouvrage historique publié en 2012. J’ai suivi son conseil et je l’ai lu avec passion. Je vous le recommande : Ivan JABLONKA « Histoire des grands parents que je n’ai pas eus ». Je vous laisse le plaisir de la découverte.

Alors après ce dernier coup d’œil sur 2014 je vous souhaite une année  2015 plus féconde pour l’émancipation humaine.

René REVOL

 

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