Je réactive entre les deux tours des élections municipales ce blog que j’ai créé en 2010 pour avoir un lieu d’expression politique personnel. Je m’excuse auprès de tous mes amis pour le silence de ce blog ces derniers mois ; c’est par des canaux plus traditionnels que je me suis exprimé. Il est temps de m’y remettre ; dans cette semaine riche et pleine d’enseignements je ferais un point politique en me limitant à trois villes qui me sont chères.
GRABELS
J’ai été élu maire en mars 2008 de cette ville de 6500 habitants de la banlieue nord de Montpellier où je me suis installé avec ma famille depuis 1992. A l’époque membre du PS, responsable de son aile gauche, j’avais fait une liste citoyenne qui avait créé la surprise, alors que Georges Frêche et le secrétaire fédéral du PS avait ouvertement soutenu mes adversaires. Durant ce mandat nous avons beaucoup travaillé et réalisé la quasi-totalité de nos engagements ; bref le mandat du peuple a été scrupuleusement respecté pour faire de notre village un lieu vivant, solidaire, bien davantage équipé, par là-même plus en mesure de résister aux effets des politiques nationales d’austérité menées ces 6 dernières années tant par la droite que par le PS. En novembre 2008 j’ai quitté le PS et participé à la fondation du PG, exprimant par là même ma fidélité à mes idées de toujours de transformation sociale. J’ai depuis participé activement au développement de ce nouveau parti au poste de combat que m’assignaient mes camarades. Cela ne fut pas sans conséquence sur Grabels. Certains ont cru que mes choix politiques leur donnaient l’occasion de me chasser de la mairie en 2014. Le premier fut celui qui en 2009 démissionna de son poste de premier adjoint et appela mes colistiers à quitter notre équipe. Il partit seul ! Et ce malgré la diversité de mon équipe ; nous étions soudés autour de la réalisation du mandat que nous nous attachions à mettre concrètement en œuvre. Cet élu n’a alors eu de cesse de manifester une attitude hostile, avec des propos vengeurs, faisant feu de tout bois durant cinq ans comme s’il était en perpétuelle campagne électorale, multipliant déclarations et propos acrimonieux contre notre travail mais aussi nous-mêmes, bien souvent relayés par le journal local Midi Libre. Nous sommes restés calmes face à cette incessante animosité et avons résolument poursuivi notre travail.
Sans être du PS, il a en 2011 ouvertement fait campagne aux cantonales pour sa candidate Monique PETARD, je soutenais pour ma part le jeune et brillant candidat du PG Lionel DESCAMPS ; il a aussi, fin 2011 participé à la primaire socialiste… Suite logique, le PS local se divisa entre deux conseillers municipaux restés fidèles à notre équipe et deux qui s’en détachèrent pour se rapprocher de lui sans oser au final aller sur sa liste. La fédération socialiste refusa à la section locale qu’elle appelle à voter pour nous, soutenant indirectement ce candidat. Il fut le candidat le plus actif contre nous dans cette campagne inondant le village de tracts agressifs, arguant notamment de sa supposée compétence professionnelle en finances publiques pour entonner le discours ambiant contre la dette et la nécessité de faire des économies. Il s’est tour à tour qualifié de « social démocrate », de « sans étiquette », puis de « centriste indépendant » et enfin de candidat de « rassemblement » alliant des personnes venant du PS et de l’UMP. Quant à la droite, elle a sorti un candidat totalement inconnu mais bourré de moyens (les villes de moins de 9000 habitants n’ont aucune contrainte de financement et sont donc des proies faciles) ; ils s’y sont tous mis UMP, UDI et Modem avec un calcul simple : Revol est isolé puisqu’il est Front de gauche et la gauche va se diviser ; la droite peut prendre Grabels.
Résultat : avec une participation de plus de 68% notre liste fait avec 1596 voix 49.97% et rate la majorité absolue de 3 voix. Le « centriste hystérique » est battu et finit troisième avec 23% (quand on voit les moyens dépensés et le temps consacré en 5 ans cela fait cher l’électeur). Il a retiré sa liste et déclare se retirer de la vie politique locale. Quant à la droite elle rassemble 26% des voix. Pour notre part, sans préjuger du résultat du second tour, nous ressentons un véritable engouement en notre faveur.
Quelles premières leçons tirer de cela ?
1) Il ne sert à rien de faire des combinaisons politiques ; il faut sur la base d’engagements clairs mettre en œuvre une politique qui entraîne l’adhésion populaire majoritaire.
2) Faire passer les logements sociaux de 3,5% à 14%, faire une épicerie sociale, créer des jardins familiaux, une maison de retraite éligible à 100% à l’aide sociale, une crèche municipale, des équipements utiles à tous, défendre la régie publique de l’eau etc… bref faire une politique de gauche par l’exemple, en réponse aux besoins sociaux, convainc le grand nombre.
3) Je suis toujours resté indépendant et ferme face aux féodaux socialistes locaux que ce soit l’Agglomération (Frêche puis depuis 2010 son successeur) ou le président du Conseil général. Cela permet de représenter la seule alternative à gauche vraiment disponible sur le terrain. Je me suis gardé de camoufler mon engagement politique : au cours de ce mandat j’ai été candidat en 2009 sur la liste européenne derrière Mélenchon, tête de liste du Front de gauche élargi aux régionales de 2010 et candidat sur Montpellier aux législatives de 2012. Mais mon engagement politique s’est toujours fait en veillant scrupuleusement à ne pas instrumentaliser la mairie de Grabels et en ayant le plus grand respect du mandat donné par la population de ma ville.
MONTPELLIER ou la décomposition du socialisme frêchiste
En 2010 Frêche gagne les régionales contre le PS officiel derrière Mandroux. Au lendemain de son décès en octobre, ses héritiers se déchirent ; ce sera trois ans de pré campagne qui déboucheront sur l’opposition entre deux frêchistes historiques : Jean Pierre MOURE qui préside l’agglomération et Philippe SAUREL adjoint à Montpellier. Tous les deux ont été des défenseurs zélés de Frêche. Le premier emporte en interne une primaire bien ficelée et le second part en dissidence en se faisant passer pour un homme neuf. Résultat : MOURE obtient 25 %, SAUREL 22% comme l’UMP, 13% pour le FN et 7.5% pour le Front de gauche conduit par notre camarade du PG Muriel RESSIGUIER. Elle a réalisé une belle campagne dans le contexte où l’attention des médias est accaparée par les rivalités socialistes.
Je veux donner ici tous les éléments à ma connaissance sur ce qui s’est passé cette semaine et notamment dans la journée de lundi.
Lundi matin Ayrault/Hollande et tous les ténors nationaux PS proposent un accord : MOURE à l’agglo et SAUREL à la mairie. Moure l’accepte et le propose à Saurel. Celui-ci l’accepte à condition d’être tête de liste ce que Moure refuse en arguant qu’il est arrivé en tête. Leur accord échoue donc juste pour une raison d’égo : être tête d’affiche. Sans aucune exigence programmatique – ce qui éclaire d’un jour particulier leurs grandes déclarations de gauche qui vont suivre.
Lundi après midi MOURE et SAUREL contactent Muriel RESSIGUIER pour lui faire des propositions. Leur but est clair : instrumentaliser le Front de gauche dans leur compétition. Muriel RESSIGUIER l’a immédiatement compris et se comporte en conséquence : elle les écoute et en rend compte à ses camarades du PG puis des autres composantes le soir même en leur proposant de refuser tout accord avec l’un ou avec l’autre quelles que soient les alléchantes propositions de places faites par les deux. Avec Moure et sa liste PS EELV élus PCF PRG MRC (dont il avait exclu le Modem qui faisait partie de l’équipe sortante) l’accord ne pouvait pas se faire, vus des désaccords de fond : sa position pro métropole, sa vision anti écologique du développement urbain, la faiblesse du volet social, l’ambigüité sur la régie publique de l’eau malgré l’accord avec les Verts etc… Le Front de gauche ne pouvait brader cette précieuse autonomie conquise au premier tour. Il en ira de même avec SAUREL bien que celui-ci ait attiré la sympathie de certains de nos électeurs par son côté dissident et anti système (dans les mots car il en est un pur produit). Notons que les communistes de Montpellier participant au Front de gauche avaient commencé à négocier avec lui en sous main. Si son programme était un peu plus acceptable notamment son opposition partielle à la Métropole l’accord avec lui était pour le PG impossible, pour trois raisons :1) Il est un proche de Manuel VALLS qui l’a toujours soutenu par derrière, ce dont il n’a cessé de s’en vanter ; 2) Son programme budgétaire est beaucoup plus austéritaire que Moure en promettant à Montpellier une cure d’austérité comme ne cesse de le réclamer son second Max LEVITA adjoint aux finances sortant 3) Il a refusé d’enlever de sa liste la responsable locale de la « manif pour tous » et ancienne responsable jeune de l’UMP. Ce personnage est particulier et le jour où je l’ai croisé j’ai eu un sentiment de malaise quand il me dit « les partis politiques sont finis, quand les gens viennent avec moi ils se dépouillent de leur ancienne appartenance et deviennent des citoyens neufs » et d’ajouter « je suis De Gaulle et tu peux être mon ministre communiste ». Délire mégalomane d’un des héritiers de Frêche mais sans ses moyens….
Le jour où Muriel RESSIGUIER a refusé un tel reniement, préférant ne pas avoir d’élus, elle est devenue la personnalité politique de gauche la plus respectée dans la population populaire de Montpellier. Elle a défendu de manière ferme cette position auprès des autres composantes du Front de gauche. L’association des quartiers populaires Affirmation Citoyenne a totalement suivi sa position et celle du PG, mais quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que les deux autres composantes cédaient aux sirènes de Saurel. Les responsables de la section communiste de Montpellier et dans une moindre mesure ceux d’Ensemble ont envisagé de se vendre à un aventurier et de se trouver sur la même liste que des réactionnaires patentés en échange de places et d’un groupe ! Je n’en reviens toujours pas ; d’autant que ceux-ci y ajoutèrent une belle petite calomnie à mon encontre : j’aurai négocié une place de vice-président avec Moure ! Outre que cela est totalement faux et que mon passé d’incorruptible face à la mafia frêchiste parle pour moi, cela en dit long sur l’absence de colonne vertébrale politique et de morale politique de ces personnes. Décidément la décomposition frêchiste finit par contaminer beaucoup de monde. Cette situation trouble et désoriente certains y compris des proches qui vont vers l’un ou vers l’autre, ce dont les médias sont friands. Nous ne sommes engagés par aucun d’entre eux. Quant au PG il ne bouge pas de sa position et j’en suis totalement solidaire et fier. Vous trouverez en lien le communiqué de Muriel RESSIGUIER ainsi que le mien (où je détaille notamment les bons résultats des listes Front de gauche dans l’agglomération de Montpellier). Notre position est claire et nette.
La situation évolue vite et on voit déjà se dessiner une alliance pour que l’Agglo passe à l’UMP en cas de victoire de SAUREL. Bref la semaine prochaine on pourrait se réveiller avec SAUREL à la mairie et GRAND le maire UMP de Castelnau à l’Agglo ….et VALLS, l’ami de Saurel, à Matignon…drôle de renouveau.
Le PG a donc la lourde responsabilité de reconstruire une vraie gauche alternative dans une région marquée par la décomposition du frêchisme combinée à la montée de la peste brune comme à Béziers. La position ferme prise à Montpellier est un point d’appui essentiel pour les temps qui viennent.
L’ESPOIR GRENOBLOIS
Lundi matin, outre la joie de mon résultat local, j’étais transporté aussi par le résultat de Grenoble qui faisait contre-point à l’évolution nationale. J’y suis né et j’y ai fait mes études, je fus un des dirigeants étudiants de 68 et président de l’AGE-UNEF avant d’enseigner et de militer dans la région jusqu’en 1987. Elisa MARTIN et Alain DONTAINE et d’autres dans le PG sont des amis de longue date, de solides personnalités fermes et déterminés. Depuis longtemps la gauche rebelle est puissante dans cette ville. Les écolos aussi en ont hérité en partie car n’oublions pas que ce sont eux qui ont fait chuter le mafieux RPR Carignon qui dirigea la ville de 1983 à 1995. Mais ce qui se passe a une bien plus grande ampleur car l’alliance des Verts et du PG sur un programme écosocialiste de rupture avec l’austérité ouvre une alternative crédible à gauche. Dimanche soir espérons que Grenoble exprimera l’espoir face au désastre de Montpellier ou de Béziers ou ailleurs et nourrira ainsi notre action pour construire une nouvelle alternative à gauche dans le pays.
René Revol.
Bonjour Monsieur le Maire,
Félicitations pour votre élection et pour votre intégrité tant morale qu’intellectuelle.
Je voudrais faire quelque chose d’utile pour la communauté et prendre part à des actions de réflexion et/ou de construction de ce que sera « La Gauche » de demain.
Je suis médusé de voir toutes les trahisons faites par les Socialistes au peuple qui les ont élus.
Je suis révolté de constater la politique destructrice mise en place et la soumission de notre nation aux désirs (sans mauvais jeu de mot) des marchés financiers et à la collaboration (le mot est mesuré historiquement) aveugle par l’accélération d’une politique dévastatrice conduite par notre président et amplifié par notre premier ministre.
Je ne reconnais aucun des préceptes, concepts ou même idéaux de la gauche qui m’a construit.
Je souhaiterais avoir la chance, un jour, d’obtenir une réponse à un de mes nombreux messages (appel) pour qu’enfin je puisse finalement vivre sans avoir le sentiment d’être passé à côté de mon destin ou que je ne suis qu’un idéaliste dépourvu de connaissance du fonctionnement du monde politique.
Je vous remercie de votre patience,
cordialement,
jlm