Note du 24 avril 2013
Un mot d’abord avant de développer les sujets principaux de cette note : un adolescent de 16 ans et ses potes que je connais un peu me disent être tombés sur ce blog et de certes avoir vite survolé les textes (qui manifestement ne les ont pas passionnés !!) mais par contre d’avoir été scotché par les aphorismes de René Char que je mets en exergue. Je suis heureux que ces jeunes aient pu rentrer dans ce blog par cette porte. N’hésitez pas à faire comme eux en cliquant sur l’onglet « aphorismes ». Je leur dédie l’aphorisme que j’ai choisi pour ce jour ; il leur va à merveille.
Dans cette note je m’essaye à une appréciation générale de l’évolution économique et sociale de notre pays et de sa politique, mais aussi et surtout une analyse du début de la crise du régime politique actuel, de l’évolution des rapports de force sociaux, de la radicalisation à gauche comme à droite et de son mécanisme interne, de l’importance de cette appréciation théorique dans la définition de notre stratégie et de notre expression au PG et je dis aussi un mot sur les « outrances » et ce qu’il faut en penser. Et comme cette note est un peu longue je commence par vous faire un petit cadeau.
Ci-dessus il s’agit de la bannière que les paysans vignerons de mon village Grabels ont brandi dans les grandes manifestations de de la révolte viticole de 1907. Le texte est en occitan et signifie :
« Vous arrosez d’eau le pays
Vous arrosez d’or vos amis
Nous vous balaierons tous,
Fraudeurs, arroseurs et arrosés. »
Cette affiche a été retrouvée en 2010 (ainsi que celle de 1963 reprennat le même texte mais traduit en Français lors d’une autre grande manifestation viticole), elle a été restaurée par un artiste local et est désormais exposée dans la salle du Conseil Municipal. Et lors d’un récent mariage lorsque les invités m’ont demandé de leur traduire le texte un moment magique s’est produit : ils ont tous applaudi ! Comme quoi la perspective d’un grand « coup de balai » est toujours d’actualité et correspond aux attentes populaires. En 1907 les négociants avides de profit coupaient le vin avec l’eau pour s’enrichir et appauvrir les vignerons ; en 2013 ils fraudent le fisc. Ces braves gens dans ce mariage n’ont pas eu besoin de discours pour faire le lien.
Et je vous fais un deuxième cadeau, si vous allez lire la nouvelle constitution équatorienne qui prône la révolution citoyenne, vous trouverez la formule suivante en quechua, qui est d’actualité :
« AMA QUILLA, AMA LLULLA, AMA SHUA »
« No ser ocioso, no mentir, no robar »
« Ne pas être désœuvré, ne pas mentir, ne pas voler »
J’utilise l’expression dans mon titre de « dérive des continents » tirée de la tectonique des plaques parce qu’elle me paraît adaptée à ce qui est entrain de se passer dans notre société, étant entendu que la dérive des continents physique est à un bout à l’échelle de la lenteur et que la dérive des continents sociaux peut s’accélérer vivement. Une société est un complexe aggloméré et sédimenté, fait de groupes sociaux aux intérêts divergents et contradictoires, structuré par des institutions politiques et sociales qui encadrent des rapports sociaux en mouvement, mais une société c’est aussi des représentations collectives du monde et de l’homme qui font les consciences individuelles. Cet ensemble d’objectivité et de subjectivité, qui interagissent les unes sur les autres, évolue parfois lentement et parfois s’accélère. De plus les niveaux différents du complexe social n’évoluent pas au même rythme provoquant d’incessants décalages ; et dans la différence des rythmes ce sont souvent les représentations subjectives, les croyances et les sentiments comme les systèmes d’idées, qui évoluent le plus lentement, ce qui débouche souvent sur la stupeur que provoque le choc de la réalité brutale sur une conscience qui découvre soudainement la réalité. Or justement j’ai le sentiment si ce n’est la certitude que nous assistons en ce moment à une accélération de l’évolution du complexe social global. Plusieurs phénomènes se superposent en même temps. La situation économique et sociale où la récession mortifère du Sud européen commence à faire effet dans notre pays, la remise ne cause de la base même de l’autorité politique que manifeste la perte phénoménale de confiance exprimée dans l’extraordinaire affaire Cahuzac, tout cela débouchant sur une polarisation politique grandissante traversant tout le corps social comme en témoigne d’un côté la détermination et la colère dans les luttes ouvrières et de l’autre la radicalisation à droite contre le mariage pour tous. Prenons rapidement chacun de ces points.
La situation économique : Arrive la catastrophe annoncée.
Pour traiter ce point je vous reproduis ci après un extrait de la réponse que j’ai apporté à un groupe d’anciens étudiants qui m’interrogeaient fin février. En cette fin d’avril on peut en garder tous les termes.
–« J’enrage ! » est l’expression utilisée par John Maynard KEYNES dans une lettre de 1931 à son collègue Robertson. Ce qui le mettait en fureur c’était la politique suivie par les grandes puissances de l’époque face à la crise économique qui frappait les économies capitalistes depuis le déclenchement de la grande dépression en octobre 1929. Aux Etats-Unis le président Hoover prônait l’austérité budgétaire ajoutant de la crise à la crise et il faudra attendre 1932 pour que la donne change avec l’arrivée de Rooseveltqui après avoir poursuivi quelques mois la même politique comprit vite qu’il fallait changer radicalement d’orientation ; en Angleterre on baigne encore dans le conservatisme financier dont Baldwin fut le héros comme premier ministre (avec son chancelier de l’échiquier un certain Winston Churchill dont la politique d’austérité des années 20 fut une des causes majeures de la misère ouvrière anglaise des années suivantes – cela est trop souvent oublié quand on fait l’éloge de ce personnage) en espérant qu’un taux de change fort de la livre sterling et des taux d’intérêt élevés valorisent le capital, ce qui a bien sûr produit un accroissement du déclin industriel britannique (avant qu’au cours de l’année 1931 le nouveau premier ministre Ramsey Mac Donald ne se résolve à une salutaire dévaluation) ; en France on vit encore sous la doctrine monétariste que Poincaré avait imposé en 1926 et on croit pouvoir échapper à l’effet de la crise mondiale; enfin en Allemagne le Président de la République de Weimar le vieux Hindenburg appelle au pouvoir des politiciens de centre droit qui imposent une cure d’austérité budgétaire drastique aggravant la récession et faisant ainsi le lit de Hitler, qu’ils n’hésiteront pas à mettre légalement au pouvoir en janvier 1933 (bien que les nazis n’aient que 31% des voix aux dernières élections). Donc en 1931 Keynes voit bien les conséquences dramatiques des politiques d’austérité pratiquées simultanément dans tous les pays en même temps ne pouvant provoquer que la chute de la demande interne (investissement et consommation) et externe (exportations) ; il voit bien que la première conséquence de cette politique c’est l’aggravation de la misère et du chômage répandant le désespoir dans les populations ; et il voit aussi que la conséquence suivante sera la ruine des démocraties libérales occidentales (qu’il avait d’ailleurs anticipé dans un texte prémonitoire en 1919aprés avoir claqué la porte des négociations du traité de Versailles dont il était un des experts britanniques). Bref vous l’avez compris. En ce moment je ne vous parle pas des années 30 mais bien de ce qui se passe aujourd’hu, en tenant compte des différences de situationi. Car on est de plus en plus nombreux à enrager contre la politique actuelle des dirigeants européens. Les résultats économiques de l’année 2012 sont exactement ce que nous avions prévu : une catastrophe pour la zone Euro qui voit son PIB baisser au 4ème trimestre ( de – 0.6% ce qui amplifie ce qui avait été constaté déjà au 3ème trimestre où la zone Euro avait été officiellement déclaré en récession). Non seulement parce que les petits « pays du sud » continuent de s’effondrer : Grèce (dont le processus de sous développement est d’une rapidité et d’une violence inouie), Chypre, Portugal, suivis maintenant par les « gros » du Sud (recul massif de l’Espagne et plus modéré de l’Italie) mais maintenant la récession a atteint des pays du Nord et non des moindres : l’Allemagne vient d’avoir un recul de -0.6% au 4ème trimestre soit une moyenne annuelle de 0.7% (après une année 2011 à 3% …et souvenez vous des commentaires de l’époque !). Et la France qui suit sous Hollande la même orientation économique générale que sous Sarkozy est entraînée dans cette spirale récessive : le gouvernement Ayrault avait construit son budget 2013 sur une hypothèse de croissance de 1.3% puis au vu des premiers résultats macroéconomiques l’avaient modifié en novembre en se basant sur une hypothèse de 0.8% ; le budget a été adopté sur cette base et Ayrault vient de reconnaître qu’il n’en sera rien et que la croissance sera au mieux de 0,1% ! [ En cette fin avril cette hypothèse n’est plus reprise par aucun expert car ils tablent tous sur une croissance négative en 2013] Et bien sûr le déficit limité à 3% ne sera pas respecté puisque la chute de la croissance entraîne inexorablement la chute des recettes fiscales. Et que croyez vous qu’ils concluent après six mois d’erreur et de myopie ? Et bien on ne change rien et on nous annonce encore des hausses d’impôt et des économies dans les dépenses publiques qui auront le même effet que les économies précédentes : elles feront baisser la demande publique et privée et donc la croissance, et donc les recettes de l’Etat …ce qui aura pour effet d’augmenter le déficit de l’Etta que ces mesures étaient censées combler. Sommet européen début février : que décide t on ? De réduire le budget européen (dont la scandaleuse réduction de l’aide alimentaire alors que la fréquentation des « soupes populaires » – comme on disait dans les années 30 – a doublé en un an) ; et Hollande ose appeler cela un bon compromis. Et le G20 qui vient de se tenir confirme la priorité à la rigueur budgétaire.
Je ne change rien à cette analyse faite en février et largement confirmée dans ces deux mois et j’enrage tout autant. J’enrage parce que je constate tous les jours les dégâts de cette politique sur des populations de plus en plus nombreuses : CDD non renouvelé, intérimaire qui restent à la maison, jeunes qui restent dans la file d’attente du chômage, de plus en plus de fin de droits, retour humiliant chez les parents entre 30 et 40 ans, désespoir des chômeurs en fin de droits, les épiceries sociales qui explosent sous la demande comme je le vois pour celle de mon village….Que faut-il faire pour qu’on comprenne enfin que derrière ces mots abstraits de « récession » ou « austérité » ou « baisse des dépenses publiques »…il y a des drames humains, des parcours de vies qui se jouent !
Certains pensent s’en sortir en nous disant qu’au moins cette politique de rigueur a convaincu les marchés (financiers bien sûr) de la crédibilité des Etats et que donc les taux obligataires ont baissé et restent très bas, ce qui permettrait d’alléger le poids de la dette publique. Il est vrai que les taux sont bas mais les banques ne prêtent pas pour autant. Au lieu de jouer sur le prix du crédit, les banques jouent sur le rationnement du crédit en ne prêtant qu’aux Etats, collectivités ou entreprises les plus sûrs. Car la conjonction de toutes ces politiques d’austérité nourrissant la récession a plombé la confiance de tous les acteurs économiques qui se sont réfugiés dans des attitudes de retrait : les entreprises reportent leurs investissements tant qu’elles ne sont pas sûres de vendre plus, les ménages qui le peuvent épargnent inquiets d’un avenir en berne, et c’est dans ce contexte que les Etats décident de dépenser moins. Bref par tous les bouts qu’on prenne le problème le cercle vicieux poursuit son cheminement infernal.
Plus qu’une crise gouvernementale, une crise du régime politique
L’affaire Cahuzac a déclenché quelque chose d’irrémédiable dans les profondeurs de la société. La symbolique est énorme : celui là même qui était chargé de lutter contre la fraude fiscale se révèle être un fraudeur ; le ministre du budget qui met en place l’austérité pour tous ne se l’applique pas à lui-même. Puis se révèle au grand jour l’entre soi et les connivences d’un monde privilégié gangréné par l’argent, monde dans lequel les frontières politiques s’effacent au point de montrer qu’un dirigeant socialiste et ministre est resté ami avec des affairistes d’extrême droite tout çà étant connu de Madame Le Pen. Le soupçon se répand sur tous les ministres et le Président lui-même notamment à travers les révélations sur son trésorier de campagne. Le bon peuple se dit : « Si l’un a trempé pourquoi pas les autres ? Si l’un a menti pourquoi croire les autres ? » Ce sentiment est ravageur et les dénégations, les démonstrations d’honnêteté ou les publications de patrimoine n’y changeront rien. C’est le fondement même de l’autorité politique qui est atteint. Max Weber a bien montré que toute domination politique est basée sur deux piliers indissociables l’un de l’autre : d’une part le monopole de la violence qui fonde la puissance de l’Etat en dernier ressort ; mais aussi d’autre part la légitimité de ce monopole de la force qui elle se base sur le consentement du peuple à l’autorité. Voltaire avait fait remarquer déjà qu’on ne pouvait pas mettre un gendarme derrière chaque citoyen et que l’obéissance des peuples était le principal fondement du pouvoir politique. Et lorsque cette obéissance disparaît le seul monopole de la force physique ne durera pas – même si dans l’intervalle cela peut faire beaucoup de dégâts. Weber, Elias et d’autres ont souligné que deux monopoles fondent l’Etat : le monopole des armes et le monopole fiscal. Le fait que le scandale concerne le responsable gouvernemental de lever l’impôt a naturellement plus de conséquences car cela porte atteinte au consentement à l’impôt chez les citoyens ce qui est une des bases les plus importantes de l’Etat moderne.
L’affaire Cahuzac fait franchir une étape décisive à la situation du pays : nous étions dans une crise économique et sociale ou pour être plus précis dans cette crise économique et sociale la politique d’austérité suivie par ce gouvernement dans la continuité du précédent était fortement remise en cause et n’était plus acceptée par la majorité de nos concitoyens. Il l’avait manifesté en chassant Sarkozy. Le sentiment a grandi mois après mois que Hollande les trompait en reprenant la même politique à quelques changements cosmétiques prés. Cela s’est imposé dans les esprits depuis la fin 2012 et la diversion militaire du Mali n’a eu d’effet qu’une ou deux semaines ; toutes les enquêtes d’opinion ont montré dés janvier un refus majoritaire dans le pays de cette politique d’austérité. A ce sujet le retournement de certains commentateurs est assez drôle et significatif du changement d’état d’esprit dans le pays. Il faut les voir en ce moment s’amuser des erreurs de calculs soit du FMI il y a deux mois, soit d’éminents économistes récemment. Bref le rejet de la politique d’austérité atteint des cercles de plus en plus larges. Mais l’affaire Cahuzac nous fait franchir un degré dans la crise : nous passons d’une crise de la politique gouvernementale à une crise même de la domination politique ; la pourriture du système est visible et le peuple voit au grand jour que les institutions politiques sont totalement pénétrées par l’argent roi. Cette défiance généralisée rend possible non pas seulement une crise gouvernementale mais une véritable crise de régime, une crise du régime politique qui nous gouverne. Il ne suffira pas de changer de gouvernement. C’est cela qui est à l’œuvre sous nos yeux. Ces analyses nous les poussons quotidiennement au Parti de Gauche pour pouvoir au mieux mener notre action et on mesure l’importance de ces débats théoriques sur la situation à travers l’évolution des prises de position de notre principal porte parole Jean-Luc Mélenchon. En janvier en lançant la campagne du Front de gauche contre l’austérité et pour une politique alternative, Mélenchon posait avec juste raison la question d’une alternative gouvernementale à gauche par une nouvelle alliance du front de gauche avec les écologistes et les socialistes qui refusent la politique d’austérité. Cette perspective gouvernementale était en phase avec le refus croissant de la politique d’austérité dans le pays qui mettait le gouvernement dans une impasse. Après l’épisode chypriote (qui a montré que les dirigeants des institutions européennes à commencer par la BCE se souciaient comme de leur dernière chemise de respecter la démocratie d’un pays voire même les propres règlements européens et qu’ils n’hésitent pas à utiliser une violence monétaire absolue pour contraindre un pays) et après l’affaire Cahuzac et le commencement d’une paralysie et d’une crise de régime, nous continuons certes à défendre une alternative gouvernementale à gauche mais il faut aller plus loin. Il faut offrir une perspective systémique et donc une réponse cohérente et saisissable par tous à la crise du régime politique de la Vème République. Aussi quand Mélenchon un vendredi matin à France Info lance l’appel à une grande marche nationale le 5 mai pour la 6ème république ce n’est pas une lubie passagère ou une initiative « personnelle » (comme le croient les médias) mais le fruit d’une analyse mûrie de la situation du pays et de son évolution. Le succès de cette initiative à la base, son caractère unitaire bien au delà du seul Front de gauche, prouve la pertinence de l’analyse de la situation. Mais en même temsp elle pèse sur la situation objective elle-même et contribue à la modifier en ouvrant une issue possible.
Le nombre, la force et la confiance.
Donner force et confiance dans l’action collective à la masse des salariés, chômeurs, retraités et jeunes qui subissent aujourd’hui. En prenant l’initiative du 5 mai nous visons à donner les moyens au nombre de trouver sa force en se rassemblant sur une vraie perspective politique. Nous l’avons vu lors du meeting de Montpellier le 11 avril avec Mélenchon et les autres représentants nationaux du Front de gauche. Nous n’avions qu’une salle de 1000 places. Très vite bondée avant l’heure du meeting, la salle voisine identique s’est remplie face aux écrans géants puis la rue s’est remplie pour s’agglutiner autour des sonos…3000 présents avec les salariés de boites menacées, les postiers, les chercheurs licenciés… et surtout cette masse de jeunes avides de sens et d’action pour un monde meilleur. Les participants ont trouvé dans ce rassemblement des raisons et des sentiments de résistance et de force qui irriguent autour d’eux depuis. C’est ce qu’on verra le 5 mai à grande échelle et j’invite tout un chacun à ne pas manquer ce rendez vous. Car il ouvrira un printemps social et politique sans précédent et cette conviction je la tire de l’analyse du mouvement des forces en présence.
La radicalisation à droite et la crise des classes moyenne
Ce qui se passe dans la mobilisation réactionnaire contre le mariage pour tous est aussi très significatif. Le petit bourgeois catholique est saisi d’effroi devant la crise générale de notre société et croit trouver dans le culte de la famille « naturelle » un refuge face au monde. Depuis toujours certes entre la pensée réactionnaire et la pensée progressisteune divergence théorique les oppose : du côté progressiste l’égalité des droits passe avant les inégalités naturelles alors que pour les réactionnaires les inégalités sociales trouvent leur source dans les différences de la nature. Relisez les débats philosophiques des Lumières ou encore le débat entre Condorcet et ses adversaires sur le droit de vote des femmes, tout y est. Ce qui est intéressant actuellement dans la mobilisation réactionnaire contre le droit au mariage et à l’adoption pour les homosexuels c’est cette mobilisation de l’argument « naturaliste ». Laissons le folklore d’un mouvement qui se partage entre une folle qui se fait prénommer Frigide et une illuminée qui s’appelle « Bourges » (çà ne s’invente pas !) le plus important est ce que signifie cette mobilisation : la petite bourgeoisie, qui constitue la clientèle traditionnelle de la droite, se radicalise sous l’effet à la fois de la crise économique qui les menace de déclassement et aussi par la le vide ouvert par la crise de l’autorité politique (y compris à la tête de l’UMP). N’oublions pas que l’Eglise et ses différentes organisations satellites constituent une vaste organisation de masse qui structure le pays (même s’il ne faut pas négliger qu’elle est traversée par des forces divergentes). Ce réseau social est secoué en profondeur par cette mobilisation où ce petit peuple réac ne fait pas que de la politique mais croit défendre une identité anthropologique. L’UMP et même le FN ne maîtrisent rien. Ceci dit ne sur estimons pas à cette étape la puissance de ce mouvement réactionnaire. Si le salariat et la résistance sociale à l’austérité et l’alternative à gauche se met en mouvement sa puissance actuelle paraîtra alors bien pâle. Entre la radicalisation réactionnaire et la mobilisation progressiste la course de vitesse est désormais engagée et cela va accélérer la « dérive des continents sociaux » dont je parlais au début de cette note. Une chose est certaine : dans cette tenaille, l’air se raréfie pour Hollande et la crise interne au PS et à EELV va grandir et nourrir ainsi notre action.
« Outrances ! Vous avez dit outrances ?»
Dans ce contexte une des armes de l’adversaire est de diaboliser Mélenchon. Ah les « outrances » langagières de Mélenchon c’est devenu le mois dernier la ritournelle des puissants qui dirigent les médias. Que cela influence quelques esprits qui ne vérifient jamais les sources ou qui n’ont pas le temps de le faire, ce n’est que très classique. Je suis cependant resté attentif à ceux qui parmi des gens proches reprenaient cet argument. Si ceux-ci avaient la patience et l’honnêteté de vérifier je leur ai fait chercher le verbatim exact de ce qu’ils avaient cru entendre comme « outrance » et à chaque fois ils ont pu reconnaître qu’ils avaient été victimes du bruit médiatique il en va ainsi de « populisme » « langue de la finance internationale » « purifier l’air »….le comble c’est quand on fait comparer le comportement journalistique face à Mélenchon et celui tout miel avec la mère Le Pen. Bref parmi les notres l’effet de cette campagne est faible car ceux-ci se méfient de la propagande dominante et demandent à vérifier de prés quand ils ont un doute. Mais ces mouvements d’humeur dans un sens puis dans un autre vis à vis de Mélenchon dans les couches intellectuelles des classes moyennes est un signe de la nervosité que crée la situation d’affaissement de la gauche gouvernementale. Un public a voté Hollande et devant l’échec annoncé espère qu’il se reprenne voire en utilisant la pression du Front de gauche ; de bons amis à moi partagent cette vision mais c’est une pure illusion. Hollande ne se reprendra pas par un effort de la raison. Ou pour être précis il est inefficace et inutile « d’attendre » qu’il se reprenne. La marche à l’abîme est en route pour le social libéralisme et je comprends que cela horrifie ceux qui aimeraient en faire l’économie et préfère une évolution calme et tranquille à des bouleversements. Mais on n’en fera pas l’économie. La rage subite de certains à gauche contre Jean Luc n’est que l’expression d’une impuissance et d’une panique. Ne vous énervez pas contre eux. Faites comme moi : écouter, parler, convaincre en les entrainant dans l’action. Par exemple envoyer leur ces deux vidéos et dites leur d’avoir la patience de les suivre et de nous dire avec quoi ils ne sont pas d’accord. Vous verrez cela permet de parler du fond.
D’ailleurs la diabolisation est en train de perdre du souffle car y compris du point de vue des dominants ils s’aperçoivent qu’en diabolisant Mélenchon en même temps qu’ils intègrent le Pen au jeu ils ne font que faire de Mélenchon et donc du Front de gauche le recours face à la crise du système.
Alors, amis, camarades, citoyens, gardez confiance dans votre force collective.
Mettez votre énergie et votre intelligence au service de l’action émancipatrice.
La France est à un tournant.
Que vous soyez jeune ou vieux, c’est le moment d’avoir vingt ans dans vos têtes !
Pour l’humain d’abord contre la finance et l’austérité
Pour la 6 ème République
Rendez vous le 5 mai à Paris à la Bastille à partir de 13h30 !
René Revol.
[…] Où va la France ? La dérive des continents sociaux s’accélère. […]