Note du 4 janvier 2013
Et pour la nouvelle année je vous fais d’abord un cadeau : une belle citation d’ALMEIDA GARRET, grand dramaturge et écrivain du romantisme portugais mort à Lisbonne en 1854 :
« Et je demande aux économistes politiques, aux moralistes, s’ils ont déjà calculé le nombre d’individus qu’il est nécessaire de condamner à la misère, à un travail disproportionné, au découragement, à l’infantilisation, à une ignorance crapuleuse, à une détresse invincible, à la pénurie absolue, pour produire un riche ? »
Invitations :
Le Parti de Gauche dans l’Hérault présente ses vœux lors des quatre rendez-vous suivants :
A Clermont L’Hérault jeudi 10 janvier
A Grabels le samedi 12 janvier à 18h lieu salle des anciennes écoles
A Montpellier le mardi 15 janvier à 18 h au bar l’Alternatif- 53 rue du Faubourg de Boutonnet.
A Béziers le mercredi 16 janvier à 19 h au local du Parti de Gauche Béziers.
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Rendez vous régional exceptionnel :
Participez tous aux Assises Régionales de l’éco socialisme
Le Samedi 26 janvier de 9h30 à 18h à Clermont l’Hérault pour l’éco socialisme
Difficile d’écrire cette note de rentrée alors que je viens de perdre un ami, qui était mon adjoint à l’urbanisme dans ma ville. Un type formidable d’énergie et de projets qui a été emporté par la maladie. Répondant à sa demande je lui ai promis de ne rien changer de mes activités en cette rentrée de janvier. Alors je me suis décidé à vous écrire mes vœux pour 2013.
Pour des vœux (donc désirs et souhaits) sincères et authentiques. Terrible période de vœux où, par sa fonction, vous devez assister à des cérémonies où vous voyez des gens dont vous savez qu’ils se détestent se souhaiter la meilleure année possible…. Quant à moi je m’adresse ici à tous ceux que j’aime et que j’affectionne et je suis sûr que dans les 5 à 6000 personnes qui visitent ce blog au moins une fois par trimestre s’y trouvent une grande partie d’entre eux : mes compagnons d’aventure politique au Front de gauche, ceux qui regardent cela de loin mais avec sympathie, ceux qui sont restés au PS et qui me jurent depuis trois ans qu’ils me rejoignent demain, des amis qui apprécient mon action municipale mais qui ne partagent pas toutes mes convictions politiques, ceux avec qui j’ai partagé des actions féministes, citoyennes ou laïques, d’anciens collègues et élèves avec qui nous avons partagé de grands moments de passion intellectuelle, les collègues qui ont partagé avec moi les aventures de la formation des maîtres ou celle de l’éducation civique, la tribu aussi des sciences économiques et sociales dont l’élan m’accompagne toujours, et puis tous ceux qui ont partagé à un moment ou à un autre une même passion pour une lecture de romans, d’histoire, de philosophie ou de poésie, ceux qui ont partagé ne serait ce qu’une minute de fraternité et d’amitié au sommet d’une montagne, au bord de la mer, dans ses grands moments de retrouvailles et de victuailles, ….bref vaste cohorte bigarrée et indisciplinée d’amis de tout acabit je vous souhaite à vous et à tous ceux qui vous sont chers la meilleure année possible et je nous souhaite à nous tous que cette année permette à nos actions d’avancer un peu plus sur le chemin de l’émancipation humaine.
2012 : L’année des riches ? Souvenez-vous le début de l’année 2012 : chacun des grands candidats cherchaient à imposer son agenda pour que tout le monde ne parle que de çà. Sarkozy et Le Pen voulaient qu’on cause identité nationale, immigration et insécurité (çà avait bien marché deux fois, en 2002 et 2007, pourquoi pas une troisième ?), Bayrou (oui, en janvier il était à 15% et le chouchou des médias) ne voulait nous parler que de dette publique et Hollande ne parlait…de rien car fondant sa stratégie sur le seul rejet de Sarkozy ! Et pataras fin janvier un sondage montrait que la préoccupation dominante des français était l’accroissement des inégalités et que ce qui les choquait le plus était l’indécence de l’extrême richesse. C’était parti et ce thème une fois installé au cœur dont débat public, rien ni personne ne pourront l’en déloger. Dans son émission de janvier sur France 2 Mélenchon a été un formidable amplificateur de ce débat en avançant la proposition d’un revenu maximum vite devenue très populaire… Les gens imitaient son geste des ciseaux avec ses doigts, geste qu’il avait accompagné de ces mots : « au dessus je prends tout ! ». A ce moment là certains suivant leurs vieux réflexes se mirent à s’écrier avec un air pincé : « populisme ! démagogie ! vous allez faire fuir talents et capitaux ! ». Malgré le relais des médias bien pensants rien n’y fit, le thème devint très populaire et les meetings de Mélenchon se remplirent toujours plus ; au point que Sarkozy lui-même proposa de taxer les riches émigrés à l’étranger et que Hollande, comprenant le danger, décidait subitement de taxer à 75% les revenus au dessus d’1 millions d’€, surprenant ses plus proches conseillers, Sapin et autres Moscovici. La question de la richesse indigne et de la pauvreté injuste devenaient ainsi les grands thèmes de l’année.
Cadeaux de Noël pour les riches. L’année s’est achevée par deux évènements significatifs : d’une part l’indécente sortie de Depardieu qui a fait son numéro sans trouver grâce dans l’opinion (à la surprise des belles personnes qui l’ont soutenu et qui disent comme Catherine Deneuve « ne pas comprendre les Français ») ; d’autre part l’invalidation le 29 décembre de la taxe à 75% par la très droitière institution du Conseil constitutionnel… .et revoilà Hollande plus encore à découvert sur sa gauche. En effet en six mois il a pu imposer le traité européen le plus libéral, empêcher une hausse du SMIC un tant soit peu décente, faire passer la hausse de la TVA pourtant condamnée par lui du temps de Sarkozy, faire un cadeau de 20 milliards aux grands groupes capitalistes sans aucune contre partie, imposer un budget d’austérité pire que celui de Fillon l’année d’avant, obtenir le pacte de compétitivité que réclamait le patronat….toutes mesures de droite qui sont passées sans coup férir. Et cette taxe, bien inférieure à celle que les américains imposaient aux riches jusqu’en 1980, voilà qu’on l’annule et Hollande de se donner toute l’année pour remettre en place cette taxe dite exceptionnelle car limitée à deux ans !
Si 2012 a été l’année des « riches » puisqu’on a enfin parlé du scandale de la grande richesse, il faudrait que 2013 soit l’année où on se décide enfin de prendre aux riches !
Prendre aux « riches » pour donner aux « pauvres » est une revendication permanente des opprimés et il n’y a aucune gêne à la reprendre. C’est ce que demandait la plèbe romaine, les gueux en révolte dans la Flandre au 12ème siécle ou les révoltes des Ciompi dans les villes italiennes du 16ème ou encore ce que demandaient les Nivellers du temps de Cromwell dans l’Angleterre du 18ème ; puis ce qui est mieux connu de la Révolution Française jusqu’aux mouvements ouvriers dans les pays développés et les mouvements d’émancipation des peuples opprimés. Une même exigence à travers mille formes différentes : prendre aux riches pour donner aux pauvres. On me fait remarquer que la redistribution des richesses n’est pas en soi une exigence révolutionnaire ou socialiste. C’est vrai il s’agit d’une exigence certes portée par les socialistes comme une première étape, mais aussi revendiquée par les républicains sociaux voire par certains secteurs de la bourgeoisie qui y voyaient un moyen de garantir la paix sociale et d’éviter la révolution. La redistribution était au programme des solidaristes et des radicaux avant 1914 puis cela devint le mot d’ordre des socialistes réformistes, des démocrates chrétiens et des gaullistes au point de faire consensus pendant toute les « trente glorieuses », la divergence portant sur l’ampleur de la redistribution à opérer. C’était au programme des travaillistes de l’après guerre au Royaume Uni dans le droit fil des théories de Keynes et de Beveridge. Le New-deal de Roosevelt reprend cela à son compte comme dans les années soixante on le voit refleurir au temps de la « nouvelle frontière » de Johnson. Mais notons qu’aujourd’hui ce programme minimum de la redistribution est devenu insupportable pour la grande majorité des dirigeants non seulement de droite mais aussi de la gauche sociale-libérale. La redistribution est insupportable pour un capitalisme financiarisé et mondialisé où l’alpha et l’oméga de la bonne politique est la compétitivité à tout prix par la baisse du coût du travail, des dépenses publiques et de l’impôt. Aujourd’hui défendre le développement de la redistribution par les cotisations sociales et l’impôt progressif sur le revenu (pas par la très injuste TVA), nécessaires à l’élévation des prestations sociales et à la promotion et élargissement d’un vaste service public, apparait comme une position proprement révolutionnaire.
Ceci dit il faut avoir conscience que mettre en cause la richesse, comme l’évoque la citation en exergue, ce n’est pas seulement s’en prendre à une possession qui serait trop importante ; c’est mettre en cause une relation sociale où la richesse ne se crée qu’en produisant de la pauvreté en masse. Donc une politique de gauche qui envisage de prendre aux riches pour donner aux pauvres doit produire en même temps une perspective de mise en cause du mécanisme par lequel la richesse se fait en créant la pauvreté. Une politique de redistribution n’est durable que si elle se lie à une politique généralisée de remise ne cause de la propriété privée et des rapports sociaux au travail. Cela n’a rien de neuf : c’est le programme du socialisme historique. Or il nous faut aujourd’hui réinventer ce programme pour les temps actuels, ceux du capitalisme mondialisé et financiarisé qui bouleverse les anciens rapports comme il met en cause l’écosystème lui-même. Le programme du Front de gauche et de son candidat à la présidentielle ouvrait ce chemin ; il faut maintenant poursuivre et achever ce travail de refondation. C’était notamment la tâche des assises nationales de l’écosocialisme qui se sont tenues à Paris le 1er décembre dernier. Les thèses qui ont nourri les débats et les comptes rendu de ces derniers constituent les premiers matériaux. Nous allons lancer des débats identiques dans de nombreuses régions et le 26 janvier pour le Languedoc Roussillon nous tiendrons des assises régionales à Clermont l’Hérault auxquelles je vous invite à participer activement. Attendez-vous à ce que ce blog serve à diffuser le maximum de contributions à ce travail de refondation d’un programme pour l’émancipation au 20ème siècle.
René Revol.