De Strauss-Kahn et du droit des femmes, Rendez vous le 24 septembre à Grabels, la sortie de mon bouquin sur le Capitalisme et le programme du front de gauche

Note du 20 septembre 2011

Je m’étais interdit de tout commentaire sur l’affaire Strauss-Kahn sur ce blog politique tant la pollution médiatique de cette affaire servait à cacher les vrais débats. Mais aujourd’hui je fais une exception car cette affaire nous renvoie à des questions de principe. Je passe sur le fait que la prestation télévisuelle de dimanche soir ait fait disparaître tous les autres sujets d’actualité, ne serait ce que les   500 000 personnes  qui ont participé ce dimanche àla Fêtede l’Humanité et au lancement du programme du Front de gauche avec Jean-Luc Mélenchon; après tout on commence à en avoir l’habitude. Plusieurs choses m’ont frappé dimanche soir : d’abord la complaisance de Claire Chazal face à l’interviewé, évitant toute question gênante et laissant le présumé coupable dire sa vérité sans qu’on donne la parole à la présumée victime ; avec surtout aucune connaissance précise du dossier et de la justice américaine qu’un journaliste informé et indépendant  aurait eue ; certaines erreurs auraient dues être relevées, comme par exemple assimiler la fin de la procédure pénale à un non lieu ; ensuite cela ressemblait à une opération de com totalement unilatérale qui sonnait faux et qui nous montre à quel degré le spectacle a détruit l’information dans les médias dominants. Tout cela a été noté par nombre d’observateurs. Mais je voudrais souligner un point particulier: DSK ne reconnaît aucune agression ni aucune violence de quelque nature que ce soit dans cette suite du Sofitel et il suggère qu’il s’agissait donc d’une relation sexuelle normale. Il la qualifie d’ « inappropriée » et il ajoute que c’est  une « faute morale », ce qui semble aller plus loin que « l’erreur » reconnue devant les employés du FMI à Washington. Où est la faute morale ? Si je comprends bien, la faute consiste à avoir une relation sexuelle avec une autre femme que son épouse. Nous pouvons concevoir que sa « morale » ou celle d’Anne Sinclair considère cela comme une faute, mais cela relève de la vie privée et ne justifie en rien une explication publique. Les précédents candidats et présidents ou premiers ministres en France n’ont pas eu à se justifier sur leur  vie privée et leurs relations extra conjugales. On n’est pas aux Etats Unis et la politique n’est pas (encore ) dans notre pays  soumise à un ordre moral. De plus sa qualification de « faute morale » est d’ailleurs vite tempérée par la caractérisation  de ses comportements qualifiée de « légèreté », qui l’aurait désormais quitté. Arrêtons- nous un peu là-dessus parce que c’est là que nous trouvons les problèmes de principe. En quoi la relation sexuelle du Sofitel supposée normale participe d’une « légèreté » ?  Voilà un homme riche et blanc dans un hôtel de luxe de New York qui en 9 minutes (le temps entre l’ouverture de la porte par la plaignante et sa sortie) aurait eu une relation « normale » et non tarifée avec une femme de chambre noire ! Même  si on retient l’hypothèse qu’il n’ y a pas eu agression, c’est se moquer du monde. Il est clair que nous serions dans cette hypothèse sur une manifestation d’une relation de domination sexiste au minimum. Il pourrait au moins présenter ses excuses à toutes les femmes qui se  sont senties  atteintes dans leur dignité. Je ne vois aucune légèreté dans ce comportement. Bien évidemment en retenant l’hypothèse de Strauss-Kahn qu’il n’ ya pas eu agression on se trouve quand même devant une expression d’un machisme, considéré comme normal (souvenez vous de la « soubrette » de jean-François Kahn).

L’affaire DSK a permis l’irruption dans notre société d’une exigence d’égalité pour les femmes. Non, la domination masculine n’a pas disparu, que ce soit dans la sphère publique, dans la sphère professionnelle ou dans la sphère privée. Et le combat pour l’émancipation humaine est totalement faussé s’il n’a pas en son cœur le combat pour l’émancipation féminine. Les mécanismes de la domination dans notre société ont certes des ressorts économiques mais ceux-ci ne peuvent pas être séparés de tous les mécanismes culturels construits par des siècles de patriarcat. La domination masculine qui demeure active dans notre société. J’avais assisté dans ma jeunesse  à l’installation du premier centre de planning familial en France dans la ville de Grenoble en 1963.  Je me souviens de toutes ces années de lutte pour  le droit à la contraception puis à l’avortement libre et gratuit. Toutes ces années de lutte ont certes fait évoluer les mentalités et les comportements. Et aujourd’hui je suis en colère de voir ce retour en arrière, la fermeture des centres de planning familial suite à la baisse des financements. A Montpellier c’est le cas. Quand on voit en même temps l’offensive que mènent  certains élus de droite contre le contenu scientifique des manuels scolaires sur  le genre, en essayant d’imposer une version naturaliste des rôles sexués, on peut se dire que le combat pour l’émancipation est bien d’actualité. Que cette affaire Strauss-Kahn provoque le renouveau du combat féministe, cela aura été son seul avantage.

Et cela nous ramène à la fête dela République samedi prochain 24 septembre à Grabels . Le thème choisi depuis des mois est « La Républiqueet les droits des femmes ». J’aborderai dans mon discours municipal d’ouverture le combat historique des femmes dans ma commune notamment en honorant les bugadières. Mais surtout notre invitée d’honneur est cette année la brillante Clémentine AUTAIN, militante féministe, responsable nationale dela FASE, une des porte parole nationale de la campagne du front de gauche pour les présidentielles et les législatives. A 12h (juste après LE match…eh ! oui on est rugby)  elle prendra la parole aux côtés des élus qui honorent les 119 ans dela République(21 septembre 1792). Après le repas républicain Clémentine animera à partir de 14h30 un débat sur ce thème. Ne ratez pas ce grand rendez vous de rentrée.

A cette occasion je vous présenterai le livre qui vient d’être édité  « Capitalisme. Une mise en perspective » (collection Rebonds éditions Alterbooks – 10€). En librairie à partir de jeudi 22 septembre, vous pourrez l’obtenir samedi prochain à Grabels. J’ai la conviction que nous vivons un moment historique de transition. Le capitalisme financiarisé traverse une crise systémique majeure et l’humanité va devoir inventer un avenir qui dépasse ce système. Mon bouquin n’a pas pour but d’analyser la crise actuelle ni de tracer des solutions ; pour cela il y a des ouvrages fort intéressants dont je vous parlerai plus loin. Ce que j’ai voulu faire c’est de rédiger une synthèse du mouvement de l’histoire et de la dynamique interne du capitalisme sur les trois derniers siècles. Pris dans le flot et le chahut des événements quotidiens où nous devons tracer un futur par nos luttes, il est indispensable d’avoir une vision du mouvement même de l’histoire. Bref avoir conscience du temps long pour savoir saisir à pleine mains les occasions du temps court. Amis lecteurs, vous pouvez bien sûr commenter à votre guise sur ce blog le contenu de ce livre et je suis preneur de tous les débats, toutes les interrogations, toutes les contradictions.

En fait mon bouquin constitue une introduction à l’excellent ouvrage de Jacques Généreux qui sort en même temps : « Nous on peut ! » Editions du Seuil 11€. Vous y trouverez une analyse très claire de la crise économique actuelle et le plan d’action qu’un gouvernement de gauche devrait réaliser immédiatement pour nous sortir de l’ornière. Cela me permet de vous inviter à prendre connaissance du Programme du Front de gauche qui a été présenté à la fête de l’Humanité et qui est publié chez Folio pour la modeste somme de 2 €. Vous trouverez tout ça en librairie ou àla Fêtedela Républiquesamedi prochain.

Médiacrates et autres oligarques des élites qui nous gouvernent voudraient réduire le débat électoral à une compétition de personnes pour évacuer tous les enjeux de contenu. Nous n’avons pas cédé et les premiers fruits de notre acharnement commencent à apparaître. Des idées que nous avancions dans le débat public depuis trois ans et que Jean-Luc Mélenchon portait particulièrement, commencent à apparaître comme des solutions de bon sens : par exemple la coupure du financement des activités productives d’avec le marché financier ou le revenu maximum font leur chemin dans les têtes comme l’attestent certaines réactions sur les plateaux de télévision. Nous devons creuser ce sillon systématiquement. Je vais essayer de faire une partie de ce travail sur ce blog en détaillant et illustrant certaines des propositions qui sont dans le programme du Front de gauche. Mais pour aujourd’hui je me trouve déjà trop long. Donc à bientôt.

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