Emeutes urbaines anglaises, quartiers populaires en France, Mélenchon, laïcité et révolution citoyenne

Note du 15 août 2011

Emeutes urbaines en Angleterre. Ceux qui croyaient que l’été serait calme en sont pour leur frais ; avant de revenir dans une note prochaine sur la crise économique je voudrais vous parler des quartiers populaires. Les émeutes urbaines qui ont explosé début août dans les quartiers des grandes villes anglaises nous rappellent la situation d’urgence qui règne dans les milieux populaires dans les grands pays européens et que leur lieu d’habitat et de vie est devenu un des lieux majeurs de l’expression du ras le bol.

Il était dur de se faire une idée précise en lisant la presse française mais si on prenait le temps de consulter la presse anglaise on peut noter de grandes caractéristiques : 1) Contrairement à ce qui a été écrit dans certains journaux français, les émeutes n’ont quasiment aucun caractère ethnique ni de rivalités interethniques comme cela avait pu être le cas autrefois ; il suffit de voir le défilé des comparutions immédiates devant les tribunaux pour constater la diversité des jeunes et des moins jeunes qui ont participé (ou sont accusés d’avoir participé) à des violences ou à des vols; 2) le gouvernement anglais ne sort que l’arsenal répressif (avec la mise en scène d’une délation à grande échelle qui vous donne la nausée) et se refuse à faire le lien avec la situation sociale, et contribue par là même à accentuer le fossé social grandissant entre la minorité de plus en plus riche et la majorité populaire ; 3) A la différence de la France de l’automne 2005 les pillages de magasins ont joué un rôle essentiel plus que les autodestructions de bâtiments dans les quartiers concernés, ne serait ce que parce que l’habitat social est plus diffus en Angleterre et aussi aux dires des émeutiers eux-mêmes ils ne voulaient pas rater l’occasion de « prendre ce qui leur manque » (The Guardian du 10 août). 4) la très grande majorité des analystes anglais soulignent que cette explosion trouve sa source dans l’appauvrissement massif des milieux populaires et notamment suite aux baisses drastiques de tous les budgets sociaux. Significatif aussi que le paradoxe du Gouvernement Cameron qui appelle à la mobilisation policière tout azimut et qui en même temps supprime massivement des postes de policiers, ouvrant une vraie crise de confiance avec sa propre police. Je voudrais aussi noter une remarque pertinente faite par un journaliste anglais dont j’ai oublié ici la référence : il faisait remarquer qu’il fallait cesser de parler de banlieues difficiles et marginalisées (comme en France on parle de « zones sensibles ») car c’est la majorité de la population qui est désormais concernée par les difficultés sociales et il notait que les jeunes qui ont participé à ces émeutes viennent de milieux différents participant aux différentes composantes des classes populaires, et de faire le lien avec la puissante révolte l’an dernier des étudiants anglais contre le renchérissement massif des droits d’inscription à l’Université. Enfin notons le silence des travaillistes qui ne l’oublions pas sont aussi à l’origine de ces émeutes par les politiques néolibérales précédentes et l’absence d’alternative politique qui ne peut que nourrir l’impasse de la violence émeutière.

L’actualité des quartiers populaires en France. Mais cela peut aussi nous permettre de faire le point sur la situation des quartiers populaires français vite retombés dans le silence médiatique après 2005. Or pour les citoyens et militants engagés il y a urgence dans les quartiers populaires. Début juillet, la visite de Jean-Luc MELENCHON, candidat du Front de gauche aux élections présidentielles, dans le quartier populaire de La Paillade à Montpellier, a donné lieu à une petite médiatisation qui a permis de soulever ces questions trop souvent délaissées dans le débat public. Cette visite était significative à plus d’un titre. D’abord parce que dans ce quartier le Front de gauche a présenté aux élections cantonales un candidat citoyen, Mohamed BOUKLIT, (avec Danièle LEDUDAL, de la Gauche Unitaire comme suppléante, et moi-même, responsable régional du Parti de Gauche, comme président du comité de soutien) dont le résultat a surpris : avec 22 % au premier tour, éliminant le FN et la droite pour la première fois, 35% au second tour avec une participation en hausse, face au président socialiste du Conseil Général. Ensuite, parce que s’est constitué sur ce quartier un mouvement politique, social et civique original avec la formation du « Front de gauche des Quartiers Populaires » (FGQP) ; ce FGQP a tenu des assises locales en juin, établissant une première ébauche d’une charte revendicative des attentes des quartiers populaires de Montpellier, lançant un appel à des assises nationales des quartiers populaires pour l’automne. Enfin parce que par cette visite (la deuxième visite de terrain après sa désignation suite à celle des ouvriers de FRALIB à Marseille), Jean-Luc MELENCHON décidait de placer les quartiers populaires au centre de sa campagne.

Cécité médiatique et obsession communautaire. Une telle initiative aurait du susciter l’intérêt des médias pour les questions socialement vives soulevées. Comment expliquer que le plus gros chantier des dix dernières années réalisé par le Conseil général sur le territoire du quartier n’ait embauché aucun habitant du quartier ? Comment expliquer qu’un quartier de 40 000 habitants ne dispose que d’une seule crèche de 40 places – les mamans étant renvoyées à l’argument scandaleux que « dans leur communauté les femmes ne travaillent pas » ? Comment expliquer le clientélisme dominant dans l’attribution de certains logements sociaux laissant la majorité des habitants dans le mal logement chez les marchands de sommeil du parc privé ? Comment expliquer les discriminations systématiques à l’embauche, par exemple pour tous ces diplômés de l’enseignement supérieur si nombreux dans la jeunesse pleine d’énergie de ce quartier ? Pourquoi les initiatives associatives et citoyennes sont systématiquement rejetées si elles ne sont pas contrôlées par les autorités ? Pourquoi aucun établissement scolaire du quartier n’a été rénové ? Comment garantir la tranquillité de vie de nos concitoyens quand la police de proximité a été totalement supprimée ? Comment se fait il que générations après générations les énergies citoyennes nouvelles soient découragées ? Comment expliquer les 80 % d’abstentions sauf quand une candidature les concerne et donc les mobilise ? Il ne manquait pas questions pour travailler à une enquête approfondie sur les raisons sociales profondes qui ont fait le succès de la candidature de Mohamed Bouklit et du Front de gauche des Quartiers populaires. Je connais même des étudiants en journalisme qui ont commencé ce travail passionnant.

Mais dans la presse pas un mot, à commencer par la presse locale. En effet celle-ci a voulu mettre le projecteur sur la question communautaire et religieuse, qui pourtant n’a été posée à aucun moment dans cette campagne. Dés le mois de mars est sorti comme par enchantement le fameux SMS appelant à voter pour notre « frère musulman » ; ce soit disant SMS a été cité par certains responsables socialistes puis reproduit par le quotidien régional, repris par un journaliste dans Marianne puis enfin à nouveau cité récemment dans un article de Médiapart. Dés que ce « SMS » a été cité nous avons demandé qu’il nous soit communiqué et de ne le reproduire que si les auteurs étaient identifiés. Ce qui fut la démarche de journalistes scrupuleux qui, n’ayant pu obtenir cette source, ne l’ont pas reproduit. A qui profitait un tel SMS ? Il est facile de le deviner. J’ai interrogé directement ceux qui ont publié ce SMS qui se sont gardés d’apporter une réponse… Aussi quelle ne fut pas ma surprise de voir un jeune journaliste de Médiapart, susceptible d’avoir une certaine rigueur journalistique, nous fournir à nouveau le copié collé de ce SMS sans vérifier ses sources…. l’inexpérience sans doute !

La force de la laïcité. Mais derrière il ya la question de fond du communautarisme et de la laïcité, d’aucuns voulant opposer le « laïcard » Mélenchon (pour reprendre le titre très orienté de l’article de Médiapart) et le communautarisme qui serait dans la nature des quartiers populaires. Une telle présentation n’exprime pas qu’une paresse de la pensée ; elle structure une représentation à la fois du Front de gauche et de son candidat comme de l’évolution des quartiers populaires, analyse qui est complètement fausse. Rappelons qu’une première génération s’est levée dans les années 80 avec la marche pour l’égalité dont les contours étaient parfaitement laïques et que cette génération s’est sentie trahie par ceux qui ont conquis des places dans l’establishment de gauche comme de droite, sans faire reculer la discrimination dont était victime les jeunes et les habitants de leurs quartiers. La génération suivante a grandi entre la première affaire du foulard en 1991 jusqu’à l’instrumentalisation du 11 septembre 2001 dans le cadre de la théorie du « choc des civilisations » qui a servi de fond culturel du discours dominant, sous toutes ses facettes. Tout le système a voulu jeter cette génération dans les bras du fondamentalisme religieux, une minorité de « bien-élevés » étant intégrés au système (à droite comme à gauche) pour servir de faire valoir. A Montpellier la stratégie de Frêche était le paroxysme de cette orientation en multipliant les provocations contre les musulmans en tant que tels tout en achetant tel ou tel « représentant communautaire ».

Or cette génération a majoritairement refusé cette dérive communautaire et a cherché à résister à ce glissement vers un discours politico-religieux. Tout s’est noué autour de la crise de l’automne 2005 où il est clairement apparu à ces jeunes hommes et à ces jeunes femmes que la question sociale (sous toutes ses formes : emploi, chômage, ghettoïsation, logements, droits… ) était la question centrale à laquelle il ne pouvait être apportée qu’une réponse politique et sociale, et non religieuse. Et ils ont fait mouvement vers des investissements associatifs et citoyens en 2006 et 2007. Ce travail de terrain par exemple pour l’inscription sur les listes électorales ou pour définir des droits nouveaux du citoyen dans les quartiers a été considérable. On en a souvent retenu que le vote pour Ségolène Royal en 2007 mais il a vite été compris par ces acteurs de terrain que ce vote n’était qu’un vote par défaut puisqu’ils n’avaient pas été associés à la sélection du candidat pour les représenter. Vivant dans le tissu associatif et éducatif du quartier de la Paillade depuis 1993, quartier limitrophe de ma commune et où moi-même comme mes amis ou mes enfants avons beaucoup de liens et d’engagements, j’ai observé de prés cette évolution sociale et politique. Or c’est dans cette dernière période qu’a grandi la conscience que l’engagement associatif ne pouvait suffire ; qu’il fallait investir le champ politique si on ne voulait pas à nouveau être trompé, si on voulait que se construise une authentique représentation populaire.

La question que je me pose : comment se fait-il que des analystes, par ailleurs cultivés et perspicaces, ne comprennent rien à cette évolution politique majeure, ânonnent de vieux préjugés qu’auraient dû balayer entre autres l’immense processus de la révolution arabe ? Dés lors qu’on fréquente et vit dans ce quartier on voit une nouvelle France dont les énergies cherchent à se mettre en mouvement. Il est consternant que des esprits soi-disant éclairés substituent la question religieuse à la question sociale. Ainsi est sans cesse rappelé que le candidat des cantonales de 2011, étudiant en 2000, fut candidat au CROUS à Montpellier sur une liste d’étudiants « musulmans » ? Et alors ? Faut-il lui refusé le crédit d’avoir depuis évolué, au contact des milieux associatifs et altermondialistes ? Faudrait-il renvoyer toute cette génération à une appartenance religieuse et ne pas chercher à partager avec elle la perspective d’une alternative politique et sociale? Pourquoi taire le discours républicain et laïque que Mohamed Bouklit tient depuis de longues années dans son quartier qui démontre un positionnement pour s’approprier la laïcité de la république comme une condition de l’émancipation ?

Il ne faut pas dès lors pas s’étonner que ce soit Mélenchon qui trouve le chemin des quartiers populaires et de ces citoyens engagés : toujours resté intransigeant sur la question laïque, il n’est pas de ceux qui les renvoient pas à leurs appartenances. Car la laïcité c’est avant tout l’affirmation que la croyance religieuse et philosophique est libre et appartient à la sphère privée de chacun ; elle sous-tend que ce qui nous rassemble dans la même cité politique, c’est l’intérêt général. Pour que chacun dispose de la liberté de conscience et de culte il ne peut être prôné par l’Etat ni religion officielle ni principe religieux ; la qualité de citoyen est acquise indépendamment de nos appartenances particulières. Or cette compréhension de la laïcité passe d’autant mieux dans les quartiers populaires qu’elle est la réponse à l’enfermement particulariste dans lequel on a cherché à enfermer les populations qui y vivent.

Des quartiers aux classes populaires. Je crois en fait qu’au delà d’une incompréhension de la laïcité il y a aussi une vraie cécité dans les élites politique, intellectuelles et médiatiques sur la France nouvelle qui se construit dans les milieux populaires. Certains se sont évertués pendant des années à nier le maintien d’une France populaire en prétextant que nous étions devenus une société d’individus et de classes moyennes. Dans cette vision du monde social il ya d’un côté la majorité des inclus et de l’autre une minorité d’exclus. Une vision du monde où les classes sociales ont disparu et où l’action collective qui en découle disparait avec elles, qu’on traite ces exclus par la stigmatisation ou par la charité. Cela a consisté à une vaste opération de « désenchantement » voire d’occultation de l’existence de la classe ouvrière, réduisant la question sociale à des problèmes sociaux, résumant l’essentiel de ces problèmes sociaux la relégation territoriale dans des banlieues désormais appelées dans la novlangue technocratique « les zones sensibles ». Des « zones sensibles » auxquelles on ajoute un marquage plus ou moins ethnique, des territoires de relégation devenant le lieu des nouvelles « classes dangereuses ». Fin de la classe ouvrière et relégation des exclus dans les quartiers sensibles devinrent les deux faces complémentaires d’un même discours.

Or toute cette construction intellectuelle a fait faillite, quand bien même elle demeure le credo d’une pensée indigente. Les classes populaires sont de retour. On découvre d’abord que les catégories socioprofessionnelles des ouvriers, en majorité des hommes, et des employés, en majorité des femmes (majoritairement compagnes ou épouses des premiers) constituent la majorité absolue de la population active. Si on prend toute la famille, on constate que c’est prés de 70% de la population qui vit dans un ménage dont l’un des actifs au moins est soit ouvrier soit employé. Certes ce n’est plus une classe populaire structurée par une majorité d’ouvriers d’industrie comme c’était encore le cas dans les années soixante. Les nouvelles classes populaires ont été modifiées par plusieurs phénomènes : d’une part par les modifications des structures productives avec la croissance de ce qu’on peut appeler le « prolétariat tertiaire » devenu majoritaire dans les classes populaires ; d’autre part ces classes populaires partagent l’expérience de la crise sociale et économique et les effets du libéralisme triomphant c’est-à-dire l’expérience du chômage à répétition, de la précarité généralisée, des salaires bloqués ou en baisse et de la baisse de toutes les protections sociales. Ces classes populaires se rendent compte de leur nouvelle unité de situation et sont à la recherche d’une nouvelle modalité d’expression de leurs attentes, lorsqu’elles ne cèdent pas au désespoir. Certes le lieu de travail peut redevenir un lieu de reconstitution politique et sociale des classes populaires. Certains l’ont d’ailleurs enterré un peu trop vite. L’entreprise, l’usine, l’établissement demeurent des lieux indéniables de reconnaissance et de mobilisation ; ce sont plutôt les branches professionnelles qui déclinent dans les mobilisations collectives. Ceci dit l’entreprise ne joue ce rôle que pour une minorité des classes populaires. La grande majorité est éclatée et cherche d’autres voies pour se rassembler et défendre ses intérêts. Le lieu d’habitat, ce fameux quartier populaire, constitue un cadre potentiel de reconnaissance et de mobilisation. Cette potentialité a pu être combattue par les puissants en jouant des rivalités communautaires et en nourrissant le racisme, qui depuis toujours est un formidable instrument de division au service de l’ordre établi. Mais l’expérience vécue a fait reculer cette arme de division et le sentiment de partager la même galère face à une richesse de plus en plus impudente prend racine. J’ai la conviction que le quartier populaire va être un lieu privilégié de l’insurrection civique qui vient. On voit donc que la question posée par le Front de Gauche des Quartiers Populaires va beaucoup plus loin et pose en fait la question des moyens que nous mettons au service de la révolution citoyenne. Avec la campagne présidentielle et législative qui commence de fait à cette rentrée, notre objectif n’est pas de faire une campagne comme une autre face aux électeurs ; la candidature de Mélenchon et des candidats du Front de gauche n’est pas une fin en soi ; c’est un moyen formidable de construction des instruments de la révolution citoyenne. Ce n’est pas une formule. Dans le contexte de crise majeure de civilisation que nous traversons, les peuples sont en mouvement ; la révolution citoyenne est inéluctable ; rien ni personne ne peut en prédire les formes et les cheminements. Par contre la responsabilité politique des militants et des citoyens engagés est de construire dans cette société mobilisée les instruments collectifs qui permettront de conduire cette révolution citoyenne à la victoire. La mobilisation dans les urnes sera un moment crucial de cette construction.

Un dernier mot pour dire ma joie de voir cet été 300 000 israéliens manifester dans Tel Aviv pour la justice sociale avec une banderole « faisons comme les Egyptiens »…cela a un certain rapport avec le contenu de cette note !

J’arrête là car je vois que j’abuse de mon clavier pour cette période de vacances ….à moins que l’actualité m’obligent d’y revenir plus vite que prévu.

Quelque part sur le littoral breton, le 15 août 2011….

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6 commentaires

  1. parlons d’ Ilham Moussaïd :
    elle dérangeait ceux qui estiment qu’on est en France et qu’on doit pas porter le foulard
    et en plus, dans sa communauté, elle dérangeait les religieux qui peuvent pas te piffer à cause de ta profession de foi communiste.

    alors y’a un spécialiste de la discrimination qui est allé se faire élire ailleurs.
    espérons qu’il ne se retrouve pas au milieu d’une bande de fainéants qui ne veulent rien faire ;
    parce que le clan des dominants du LR , dont l’aplomb pour sortir des conneries à longueur de temps est la principale aptitude, y’en a marre.

    ce n’est pas aux personnes énervées de la SNCF qu’ils vont avoir affaire, mais à des personnes cohérentes et ça va faire mal.

  2. un article très dense et très intéressant, je m’y retrouve totalement.
    Je voudrais ajouter quelques réflexions notamment sur l’analyse entre communautarisme, religion, racisme et géthoïsation sociale.
    Le racisme est un bon moyen de dresser les classes populaires entre elles, et de détourner leur regard sur les enjeux majeurs que sont les inégalités sociales criantes qui se jouent.

    La religion est un bon moyen non seulement d’enfermer les personnes issues de l’immigration notamment maghrébine dans une revendication communautariste, mais également de justifier en retour la volonté d’user du racisme au sein des classes populaires non issues de l’immigration comme un juste moyen de se différencier de cette sous classe populaire que constituerait la classe populaire issue de l’immigration. C’est l’argument, et la méthode politique du FN. La France coloniale a usé des mêmes stratégies de différenciation entre d’une part, les indigènes et les pieds noirs (dont la majorité était pauvre et issue d’exode plus ou moins savamment orchestrée depuis Napoléon et les classes populaires du nord de la France), et d’autre part, entre les indigènes musulmans et les français chrétiens ou juifs… ce qui permit aux religieux algériens de quadriller les esprits avec comme seuls arguments d’appartenance à la nation Algérienne la religion et la soit disante arabité du peuple Algérien.
    Le FLN ne s’en est pas privé, pendant et/ou après la guerre d’Algérie (même si je fais un raccourci en omettant la période ben bella et/ou la gauche algérienne avec le PAGs : hommes algériens mais internationalistes et d’une lignée politique que l’on peut faire
    remonter à Jaurès) !

    Oui les quartiers populaires sont d’abord populaires avant d’être « issus de ». Le vocable « issu de » n’est que le pendant d’un système économique qui a broyé les classes populaires de tant de régions du monde, les a déracinés et les a asservis économiquement ici, une immigration chassant l’autre.

    Oui les quartiers populaires, sont beaucoup plus laïcs que certains ne le laissent croire, et chaque génération a cru en la République, alors même que la situation sociale ne s’est pas améliorée et c’est un euphémisme !

    Oui, le score de Mohammed Bouklit est un fait politique majeur face à cette volonté de mettre sous le boisseau une partie de la population de la république française. Il montre que l’espoir est toujours vivace et que la seule gauche qui vaille n’est certainement pas la sociale démocrate…

    Il nous faut donc poursuivre cette déconstruction de ce système de pensée qui oppose des hommes et des femmes ayant les mêmes revendications : plus de justice sociale, plus de respect, plus de place et de représentation démocratique (et je parle bien des classes populaires avant de parler de « issus de »).

    Merci René pour cette article porteur de sens, synthétique et limpide sans qui je n’aurait peut-être pas pris le temps d’écrire cela !

  3. Bonjour, je suis mélenchoniste et je soutiens le front de gauche mais je ne peux pas laisser dire des mensonges. Mohamed Bouklit n’a pas « tenu des discours laïques et républicains » depuis des années, au contraire il a été un partisan acharné du communautarisme et du cléricalisme, et défendait l’islamiste Tariq Ramadan. Maintenant il a, espérons-le, changé de fusil d’épaule, je fais confiance à Mélenchon pour la laïcité et la République, mais la vigilance reste de mise quand on connait son parcours: voir http://www.lecolo.net/article-36707078.html notamment.

    Bien à vous.

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