Immersion en Europe orientale, la deuxième catastrophe du 11 mars, mi mandat municipal et quelques lectures

Note N°  11

Au moment où je m’apprête à poster ce billet, tombe la nouvelle sordide de New-York. La seule réaction digne consiste à attendre la vérité, car c’est d’une affaire criminelle dont il s’agit. Soit c’est vrai et le coupable doit être condamné et nous devons manifester notre solidarité avec la femme de chambre qui serait la victime. Soit c’est faux et l’inculpé doit être lavé de tout soupçon. Revenons donc à mon billet d’origine.

Europe orientale. Ma fille travaillant depuis juillet dernier en Moldavie (petit pays entre Roumanie et Ukraine), je suis allé la voir. Je voudrais ici rapporter quelques impressions  et images de cette immersion de 7 jours dans une famille moldave. Le calendrier orthodoxe organisant la fête des morts au moment où nous passions nous avons participé à ce jour de grandes retrouvailles familiales dans le village d’origine ; des parents venus de la capitale et du monde entier (et notamment d’Italie) puisque 1/3 de la population moldave a immigré. La fraternité et la chaleur de l’accueil qu’on nous a réservé dans ce village m’ont profondément touché : échanges de cadeaux, toast multiples, histoires  croisées, des personnages populaires et fabuleux à la fois marqués par l’histoire mouvementée de la région et par une envie de croquer le présent malgré les conditions difficiles. Le rapport à la religion est comme une marque d’identité avec une faible participation cultuelle. Déjà la vie dans la capitale (Chisinau) nous a impressionnés par ce mélange de modernité et de traditions, cet appétit de renouveau que l’on trouve notamment dans la vie culturelle, le dynamisme créateur des artistes. Outre Bucarest et de multiples déplacements dans les bus populaires (où j’ai eu le sentiment d’un saut dans le temps de mon enfance des années 50… Ah ! ce train de nuit qui a fait 500km en 13h !), nous sommes allés à Odessa en Ukraine (magnifique ville chargée d’histoire et bien rénovée… Oui, oui, je me suis fait photographier sur le célèbre escalier  mais sans la fameuse poussette !). Une soirée avec des jeunes ukrainiens venant de Kiev fut fort instructive.

Le salaire moyen est de 150€ en Moldavie et de 300 € en Ukraine ; les multinationales  d’Europe Occidentale  y  débarquent sans vergogne pour poursuivre leurs « réductions des coûts du travail »….tout en vendant chez nous les produits au même prix, rentabilité financière pour leurs actionnaires oblige ! Sans être de grands économistes mes interlocuteurs ont l’intuition que l’intégration européenne est autant un piège qu’un espoir.La Moldavieet l’Ukraine désirent vivement rentrer dans l’Union Européenne. Ce souhait semble fortement partagé par les personnes que nous avons pu rencontrer, mais elles ne comprennent pas les « réformes «  qu’on leur impose comme condition préalable : réduction des dépenses publiques et démantèlement de tout Etat social  (nos interlocuteurs d’ailleurs font une description louangeuse de l’Etat social français actuel…pourtant en recul !)…

L’Ukraine vient de satisfaire aux exigences européennes (et du FMI)  en modifiant l’âge de départ à la retraite : pour les femmes en passant  de 55 à 60 ans, pour les hommes de 60 à 65 ans et on parle d’aller plus loin vers les 70 ans ! Dans un pays où l’espérance de vie est à 66 ans !! Et comme aucune aide de l’Ouest n’est à attendre (ils envient les transferts reçus entre 1986 et 1997 par les pays intégrés alors à l’UE, l’Espagne et le Portugal), ils ne leur restent  que l’arme du dumping social des salaires bas … au profit des multinationales de l’Ouest qui s’installent chez eux !  Le même chantage s’applique en Roumanie mais cette fois ci pour rentrer dans la zone Euro. Il est plus que temps de changer d’Europe au nom même de la fraternité entre les peuples européens.

Au retour, nous avions 5h pour voir Prague, la ville de mon cœur où je me suis rendu déjà cinq fois (la 1ère en 1982 pour aider les militants dissidents de la charte 77). Mon dernier n’a pas échappé à une leçon d’histoire accélérée : Wenceslas, Jan Palach, la manif du printemps de velours en 1989 , Jean Hus et les racines de la pensée des Lumières, le Pont Charles et la contre réforme avec à la fois sa barbarie et son baroque magnifique, le château, Hitler, la résistance des tchèques, l’amour profond que j’ai pour ce peuple passionné par les Lumières, où les « amis de Jean-Jacques Rousseau » se réunissent régulièrement et où la culture laïque est si forte…. Mais le choc, je l’ai eu cette fois en lisant un journal. A Brno une manifestation a eu lieu le 1er mai organisée par un « Parti des Travailleurs pour la justice sociale »… Je me suis dit tiens ! tiens !  un nouveau parti à gauche en plus du PCT qui résiste à la collaboration capitaliste éhontée du Parti Social Démocrate ! Que nenni ! Ce nouveau parti est un parti d’extrême droite qui a rassemblé des centaines de manifestants « contre l’Europe » aux cris de « Dehors les étrangers »… La camisole de force capitaliste qu’impose l’Union Européenne distille le même poison dans toute l’Europe en promouvant come prétendu représentant de la protestation sociale le nationalisme xénophobe. Et de voir çà dans un pays aussi cultivé et émancipé quela République Tchèque, je dois avouer que cela a décuplé ma colère. La gauche, la vraie, celle qui résiste à la concurrence libre et non faussée, pas celle de la « Porsche tranquille », la gauche a donc une vraie responsabilité pour porter la protestation sociale pour mettre en œuvre une rupture nécessaire vers un autre modèle européen marqué par l’intérêt général, la priorité aux plus pauvres et la solidarité internationale. Cette visite rapide en Europe de l’Est m’a donné encore plus la pêche pour faire du Front de gauche l’alternative politique majeure que Jean-Luc Mélenchon va certainement porter à la prochaine présidentielle. L’irruption du Front de gauche ne prend pas sens uniquement en France.

D’ailleurs à ce sujet un mot sur l’autre catastrophe qui s’est produite le vendredi 11 mars 2011. En effet ce jour là, alors que se produisait le tsunami japonais aux terribles conséquences, les dirigeants de l’Union Européenne actaient le « pacte pour l’Euro » (habillage du pacte de compétitivité négocié depuis des semaines et acté ce jour là et qui vient d’être voté au Parlement le 9 mai). Le cœur de ce dispositif consiste à mettre en place un mécanisme automatique qui oblige tous les gouvernements à pratiquer l’austérité budgétaire tant dans l’État que dansla Sécurité Sociale. Ce mouvement vise  à inscrire dansla Constitution, la loi fondamentale qui est au-dessus de toutes les lois, une obligation à l’équilibre budgétaire. Déjà, au lendemain de son élection, Sarkozy avait avancé cette proposition. Imaginons qu’elle ait été appliquée en 2007… et bien, fin 2008 devant la faillite bancaire, il n’y aurait eu aucun moyen d’intervenir et nous aurions eu un effondrement économique majeur.

Cette idée du constitutionnalisme économique est une idée centrale du néo-libéralisme. Cela a commencé avec le constitutionnalisme monétaire qui justifie l’indépendance des banques centrales afin de les préserver de toute pression inflationniste liée à sa dépendance du pouvoir politique.  Cette thèse a été d’abord défendue en 1977  par deux économistes américains  F.Kyndland et E.Prescott (« Rules rather than discretion : the inconsistency of optimal plan » Journal of Poltical Economy 1977) ce qui leur a valu le Prix Nobel 2004. Pour eux le gouvernement est tenté d’utiliser la politique monétaire pour des objectifs de croissance et d’emploi, de l’utiliser de manière contra cyclique (ce qui veut dire contre la récession quand celle-ci se produit) en liaison avec sa politique budgétaire.  La politique monétaire cesse alors d’être crédible et un « biais inflationniste » peut se développer. C’est pour résorber ce biais que ces auteurs proposent d’instituer une banque centrale indépendante du gouvernement. Dans le prolongement de cette thèse, K.Pogoff préconise, en 1985, l’institution de ce qu’il appelle un « banquier conservateur » ; le gouvernement doit se lier les mains en instituant une banque centrale totalement indépendante de toute autorité politique et guidée par une seule règle : la stabilité des prix. Ainsi la politique monétaire devient crédible et peut casser les anticipations inflationnistes des agents, c’est-à-dire les aspirations à l’emploi et au pouvoir d’achat.

L’avantage de ces économistes c’est qu’ils sont beaucoup moins hypocrites que les politiques qui ont mis en œuvre cette orientation proprement anti-démocratique, notamment dans l’installation de l’Euro.  Cette évolution théorique et politique consiste donc à faire sortir la politique monétaire du champ politique pour qu’elle ne soit plus soumise aux choix démocratiques qui favoriseraient les pressions inflationnistes découlant des préférences des électeurs. Pour cela il est préconisé que la politique monétaire n’obéisse plus à des CHOIX mais soit soumise à des REGLES surplombant les choix. D’où la nécessité d’intégrer l’objectif et le statut de la banque centrale dansla Constitutiondu pays, en surplomb de l’ensemble des dispositions législatives et réglementaires.

Ce constitutionnalisme économique, d’abord appliqué à la politique monétaire, est désormais à l’œuvre dans la zone Euro :la BCE est indépendante, n’obéit qu’à l’objectif de la stabilité des prix et se contrefout de l’emploi et de la croissance. Ainsi de concert avec le FMI elle a pesé de tout son poids pour exiger la saignée des grecs. Ce qui est nouveau aujourd’hui c’est que les dirigeants européens, à l’initiative de Sarkozy, souhaitent profiter de la crise de la dette publique (dont il ne faut pas oublier qu’une de ses sources réside dans la faillite des banques, donc de la dette privée ; épongée par les Etats, celle-ci nourrit la dette publique)  pour faire passer le constitutionnalisme budgétaire. Dés lors non seulement la monnaie mais le budget de l’Etat échapperait aux choix démocratiques. Cette opération vise de fait à instaurer une dictature des marchés financiers et donc des puissances qui les dirigent. Devant un tel coup d’Etat, nous avons un devoir d’insurrection citoyenne qui lie étroitement l’exigence sociale et l’exigence démocratique. En nous mobilisant tout de suite contre ce coup de force nous préparons la mobilisation citoyenne de 2012 que le Front de gauche doit incarner.

 Aussi je vous invite à participer activement à la conférence de presse publique organisée  vendredi 20 par le Front de gauche salle Léo LaGrange à la Paillade de 17h à 20h.

 Précisons aussi qu’on assiste au grand retour de la « désinflation compétitive » qui fut la doxa dominante en France entre 1983 et 1997. Cela consiste à obtenir la hausse la plus faible des prix par rapport à ses concurrents pour leur prendre le plus de parts de marché. Pour ce faire on contracte au maximum les coûts salariaux dans son pays, on pratique une politique budgétaire restrictive, bref on contraint la demande dans son propre pays en devenant ainsi compétitif chez les autres dans l’espoir que la croissance sera tirée par le dynamisme des exportations. Cette politique a abouti en France certes à un net ralentissement de la hausse de l’inflation mais au prix d’un chômage de masse et d’une forte détérioration du marché du travail. C’est dans le cadre de cette politique (qui s’est faite au nom de l’installation de l’Euro) que les marchés financiers ont pris le dessus et se sont imposés comme les maîtres ; c’est dans le cadre de cette politique que s’est creusé un écart social croissant avec une explosion de la richesse à un pôle et de la pauvreté à un autre. Cette politique a été reprise en Allemagne au cours de la décennie 2000 notamment par l’instauration dela TVAsociale qui lui a permis de baisser le coût du travail en interne en faisant payer la protection sociale allemande parla TVAdonc par les consommateurs des autres pays. Cette politique ne peut d’ailleurs marcher que si vous êtes seul à la pratiquer ; si tous les pays font la même politique les effets s’annulent. C’est bien la le problème aujourd’hui lorsque Sarkozy et Merkel préconisent cette politique de « compétitivité » partout en Europe. Cela n’aura pas d’autre effet que d’accroître les problèmes. La pression sur les salaires et la croissance des profits financiers avaient été la cause profonde des déséquilibres qui avaient fini par exploser en 2008 quand le répit donné par la dette privée ne suffisait plus à retarder l’échéance. En endettant les Etats pour sauver les banques, ils avaient déjà refusé de traiter le fond du problème. Aujourd’hui avec ce pacte de compétitivité ils retournent au fondement de même de ce qui a produit la crise. Cela ne mène à rien de bon.  

Mi-mandat. Comme vous le savez je suis maire d’une ville de plus de 6000 habitants de l’Agglomération de Montpellier et nous sommes au milieu du mandat. Ce blog n’est pas le lieu pour vous présenter le bilan de notre équipe ; vous pourrez vous reporter au site de la ville et si vous passez par Grabels vous aurez une petite brochure faisant le point sur notre action. Je me conterai ici de quelques impressions de cette expérience qui m’est totalement nouvelle. Je me souviens en 2008 d’une remarque de mon ami Jean-Luc Mélenchon, qui avait quitté le mandat d’élu local, celui de Conseiller Général depuis 1983 pour n’exercer qu’un mandat national. « Tu verras le mandat de maire c’est à la fois magnifique et terrible, surtout dans une petite ville. Magnifique parce que tu es élu directement par le peuple et que celui-ci restera toujours à ton contact ; Terrible parce que çà suppose une présence de tous les instants ». Après trois ans d’expérience, je confirme ! La richesse humaine est indéniable. Avant j’avais une compréhension intellectuelle des problèmes sociaux ; maintenant c’est devenu une compréhension directe, quasi physique. Vu que je reçois beaucoup et visite beaucoup les gens, et que la majorité des rencontres ont une dimension sociale.

Quand on me parle ou que j’étudie les questions de déremboursements médicaux, de l’insuffisance de logements sociaux, de la faiblesse des minima sociaux, des difficultés de concilier le travail et un bébé pour une femme, de la galère d’un seul smic dans une famille, de la désorganisation de la vie qu’engendre la précarité… je vois immédiatement apparaître des visages d’hommes et de femmes, des cas précis et ce que cela représente vraiment. Cela me donne une détermination encore plus grande. Je ne sais si c’est un effet de l’âge mais le pouvoir ne m’impressionne guère ; je regarde avec ironie certains de mes collègues élus qui bombent le torse de suffisance et pontifient assis sur leur piédestal d’élu,  fut-il tout petit. Je dois aussi remercier Georges FRECHE qui, en me marginalisant dans les fonctions dirigeantes de l’agglomération  et en m’attaquant avec l’élégance et la finesse qui le caractérisaient, m’a contraint à rester fidèle au terrain et à la mobilisation d’en bas pour bousculer l’oligarchie. Outre le contact avec la richesse humaine c’est la permanence de l’action qui est le deuxième enseignement de mon expérience de maire ! Si vos décisions quotidiennes ne sont pas portées par une vision à long terme, par une vision d’avenir, ce n’est plus de l’action, c’est de la gestion. 

Cette ville était gérée de manière malthusienne et conservatrice ; je sens qu’on l’a mise en mouvement : 133% d’augmentation de logements sociaux en trois ans, un effort prioritaire sur le social, la réalisation d’équipements majeurs tant dans la circulation (en privilégiant les voies douces et l’accessibilité aux handicapés) que dans les terrains sportifs, un marché circuit court qui initie une pratique de relocalisation contre la mondialisation libérale, le combat pour une régie publique de l’eau à l’agglomération dont c’est la compétence, la lutte pour développer des énergies renouvelables… Tout cela … et beaucoup d’autres choses (que mes collègues de cette aventure municipale m’excusent pour tout ce que j’oublie de citer !) s’inscrit dans une chaine de décisions et une volonté de ne pas renoncer.  Au début est l’action et pas le verbe !

J’entends dire que je serais « gentil » « conciliant » etc. ; certains en ont conclu que l’on pouvait me faire reculer sur nos engagements …  C’était mal me connaitre et les renvoie à ma bio sur ce blog ! Pas question de renoncer, j’avance avec mon équipe à un rythme soutenu sur tous les engagements pris devant les électeurs. Faire ! Et pourquoi pas avec le sourire et en écoutant au maximum les gens pour ajuster au mieux les décisions à prendre. Quand Frêche a fait le tram il s’est heurté aux résistances de commerçants, des bobos et des installés, oublieux de l’intérêt général et soucieux de préserver leur confort,  de groupes de pression puissants….Rien ne l’a fait bouger et il l’a fait !

Mais il n’y avait nulle utilité pour ce faire d’un comportement détestable, d’associer des injures à la détermination. Ce que je dis ici ne signifie pas l’approbation de la politique de G. Frêche en général et je n’ai eu de cesse de combattre tant ses dérapages verbaux que sa trop fréquente collusion avec les puissances du profit. Je veux simplement souligner ici l’importance de la volonté sans laquelle il n’y aurait pas d’action politique digne de ce nom.

Autre chose m’amuse aussi : c’est la violence de l’opposition de certains. Ainsi un de mes anciens adjoints est passé dans l’opposition quand j’ai adhéré à sa fondation au parti de gauche, qui s’est formé six mois après l’élection municipale. Personne ne l’a suivi dans notre équipe car au delà de nos différences politiques, notre boussole c’est l’engagement pris sur un programme devant les électeurs. Et comme ce programme est appliqué avec constance et détermination, sa démission ne se justifie que par son allergie politique à la gauche. Depuis il se déchaîne contre tout et son contraire….Cela m’amuse vraiment car notre équipe et son poids dans la commune en sortent  renforcés tant cette agressivité contribue à souligner le changement qui se réalise ici. Au fond tout cela nous stimule et j’avoue que à côté des batailles que j’ai du mener dans ma vie (à commencer face à Navarro ou Frêche dans un passé récent)  l’opposition fébrile de cet excité me distrait plus qu’elle ne m’inquiète.   Un copain journaliste montpellierain qui le connaît un peu m’a livré son explication : « Il a la chance d’être l’opposant d’un Maire qui n’est pas un inconnu puisque tête de liste parti de gauche aux élections régionales etc. cela lui permet d’avoir facilement de la notoriété avec la complicité des médias locaux toujours avides de polémique. C’est la stratégie du coucou. Mais cela suppose d’avoir quelque chose à dire…ce qui ne semble pas le cas en l’occurrence ». Analyse intéressante…

Bref cette expérience municipale m’a déjà appris beaucoup. J’y reviendrai régulièrement sur des dossiers de portée générale : logements sociaux et politique de l’habitat, régie publique de l’eau, gestion des déchets, énergie renouvelable, action sociale. Enfin pour conclure je dirai que le chemin des responsabilités municipales n’est pas réservé à une élite ou une oligarchie, nous apportons la preuve qu’une équipe constituée sur un réseau citoyen peut vraiment bouger les lignes.

 Enfin deux mots sur les lectures que m’ont permis les longs trajets en bus : Niccolo AMMANITI dans la fête du siècle met en scène la décadence de l’oligarchie berlusconienne mêlant hommes d’affaires, maquereaux, bandits, mafieux et prostituées…très édifiant et intéressant, même si le rythme et le style ne m’ont pas convaincu ; le grand, l’immense Jonathan COE dont je ne rate jamais une sortie (si vous ne connaissez pas commencez par testament à l’anglaise…. grand roman au demeurant féroce critique du thachérisme) nous livre un beau texte avec  la vie privée de ms Sim, qui explore les tourments et les dégâts de l’individu solitaire dans la nouvelle société anglaise issue du blairisme. Ces deux romans m’ont plu mais ne m’ont pas vraiment passionné. Par contre Gérard MORDILLAT (l’auteur du célèbre Les vivants et les morts) m’a touché et emporté avec son dernier roman : rouge dans la brume. Amour et lutte des classes au temps présent dans le Nord de la France. Saisissant, laissez vous prendre.  Enfin puisque un des lecteurs me demande quel roman j’ai cité lors de la cérémonie du 8 mai dans ma commune, il s’agit de Vie et destin de Vassili GROSSMAN….le plus grand romancier russe du XXe siècle selon moi…..  Retenons au moins cette phrase : « Deux sentiments me nourrissent en permanence : l’amour et la colère »
                                                                                                        René Revol.

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3 commentaires

  1. Un mot sur Vassili Grossman (puisque nous ne parlons que de politique quand on se rencontre) victime du stalinisme. Je n’ai jamais été bouleversé autant qu’à la lecture de la partie consacrée à la marche de la vieille dame vers les douches meurtrières prenant sous sa protection un bambin et qui fait tout pour distraire son attention alors qu’elle sait qu’ils vont vers la mort. Jorge Samprun dit que personne ne peut écrire un mot issu de l’imagination sans trahir la vérité sur cette marche vers la mort, au risque d’insulter la mémoire des martyrs puisque nul n’en est revenu. Pour ma part je crois que Vassili Grossman a su, avec son immense talent et sa sensibilité, trouver dans son imagination les mots justes, les mots qui rendent à l’homme sa souveraineté et sa dignité face à l’innommable.

  2. Si j’ai bien compris, pour aller à Brno, faut des chaussures de sécurité.

    Pour les manifs antifa, m’est avis que c’est à Vienne qu’il faut se rendre.

  3. Excellent article, merci de ces impressions moldaves ! Comment faire une politique sociale en Europe de l’Est quand la population recule et vieillit ? FMI, UE ou pas… Le pire est à venir dans cette région d’Europe.

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